Un récital Bach ébouriffant par Christophe Rousset

Malgré une importante activité de chef à la tête des Talens Lyriques, Christophe Rousset trouve encore le temps de travailler et d'enregistrer des récitals de clavecin (dernièrement Froberger et Louis Couperin).

Après avoir consacré depuis le début des années 1990 de nombreux disques aux «grandes» pages de JS. Bach (suites, partitas, toccatas, inventions, Clavier bien tempéré, Variations Goldberg…) chez L'Oiseau-Lyre puis Ambroisie, il livre ici un bouquet de pièces isolées. À côté de pages de jeunesse célèbres comme le Caprice sur le départ de son frère bien aimé BWV 992, on trouve un certain nombre de Fantaisies et de Préludes et fugues beaucoup moins fréquentés. Figurent notamment des pièces que Bach a adapté, arrangé comme le Prélude BWV 998 qu'on joue également au luth, le Prélude et Fugue BWV 894 que le compositeur réutilisera dans le Concerto pour violon, flûte et clavecin BWV 1044 ou l'Adagio BWV 968, premier mouvement de la Sonate pour violon n°3 BWV 1005.

Sur un bel instrument de Ioannes Ruckers (1632) capté admirablement par Nicolas Bartholomée, Christophe Rousset délivre une nouvelle démonstration de sa maîtrise de la musique de Bach : technique hors pair (le début de la Fantaisie BWV 922 !), sens de la construction, clarté du contrepoint, expressivité, capacité à faire chanter l'instrument.

Outre des pages d'un caractère assez libre, le claveciniste a eu la bonne idée de graver l'Air varié dans le style italien BWV 989, œuvre de jeunesse et rare exemple de variations écrites par Bach pour clavecin (avec les Goldberg).

Une anthologie Bach qui sort des sentiers battus et tout à fait recommandable.