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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 21-XII-2010. Antonin Dvorak (1841-1904) : Danses slaves, Op. 44, n°4, n°2 et n°8 ; Pyotr Illich Tchaikovsky (1840-1893) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op35 ; Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°9 en mi bémol majeur, Op. 70. Gidon Kremer, violon ; Orchestre National de Russie, direction : Mikhaïl Pletnev
Quelle drôle de soirée ! Dans le cadre des galas annuels, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et le Festival des Flandres invitaient le fidèle Orchestre national de Russie pour un concert slave qui aurait pu réchauffer des Bruxellois frigorifiés !
Chose rare au pays du compromis, le public était accueilli par des représentants du personnel qui, en front commun syndical, alertaient le public sur la dégradation des conditions de travail au Palais des Beaux-Arts. On espère que le public belge de ce concert, essentiellement composé d'invités et de mécènes, venu festoyer bruyamment comme à leurs habitudes, aura un peu compris le sens du message.
Quant à la musique, elle est apparue fortement bigarrée. Il est assez étrange de commencer un concert par une sélection de Danses slaves. On reste d'autant plus songeur que les choix interprétatifs du chef laissent perplexes ! Grand fan de danse, et chorégraphe à ses heures perdues de ballets classiques, Mikhaïl Pletnev se fourvoie dans une lecture bardée d'intentions et surtout d'une lenteur désespérante dans les danses n°4 et n°2 : le moindre trait instrumental ou la moindre phrase est surligné au marqueur par un chef qui en perd tout sens de la fête et de la danse !
Lauréat du concours Reine Elisabeth (troisième prix en 1967), Gidon Kremer a laissé un enregistrement majeur mais assez méconnu du Concerto pour violon de Tchaïkovski (avec Lorin Maazel pour DGG). Pourtant, le commentateur reste médusé par le menu servi ce soir ! Dès les premières mesures de l'introduction orchestrale, on a compris que cette interprétation sera placée sous le signe de l'extrême lenteur ! On évolue aux limites du décrochage avec un soliste qui minaude toutes les phrases, les surjouant jusqu'à la nausée. A force de vouloir faire original à tous prix, Gidon Kremer en arrive à une caricature de Tchaïkovski : de la guimauve pleurnicharde et sirupeuse ! «L'allegro vivacissimo» final peine aussi à convaincre avec ses brutalités et par un fini technique qui, avec le poids des ans, ne cesse de s'étioler !
Changement de registre avec le courte symphonie n°9 de Chostakovitch qui, curieusement, a réveillé les bataillons de tousseurs du public ! On sait que Pletnev n'est pas un chef de la race des barbares des podiums à la Svetlanov mais un esthète des sonorités et des détails. Le chef s'appuie sur un orchestre de virtuoses (cuivres à la précision radiographique) pour livrer un «concerto pour orchestre» brillant et clinquant.
Devant le succès de cette interprétation techniquement irréprochable, le chef décide de remercier le public avec un bis aussi inattendu qu'inapproprié : l'air de la suite n°3 de Bach dans une version grassouillette pour grand orchestre à cordes…. On ne pouvait que s'émouvoir de ce goût «parvenu russe»…
Un concert très particulier donc !
Crédit photographique : Mikhail Pletnev © DR
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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 21-XII-2010. Antonin Dvorak (1841-1904) : Danses slaves, Op. 44, n°4, n°2 et n°8 ; Pyotr Illich Tchaikovsky (1840-1893) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op35 ; Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°9 en mi bémol majeur, Op. 70. Gidon Kremer, violon ; Orchestre National de Russie, direction : Mikhaïl Pletnev