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Bell et Jurowski : Une heureuse leçon de musique…

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Dijon. Auditorium. 20-XII-2010. Mikhaïl Glinka (1804-1856) : Valse-Fantaisie Piotr Illich Tchaïkovski (1840-1893), Concerto pour violon op. 35 en ré majeur ; Franz Schubert (1797-1828), Ouverture en ré majeur D. 590 « dans le style italien » ; Symphonie n°3 en ré majeur D. 200. Joshua Bell, violon. Chamber Orchestra of Europe, artistes associés. Direction : Vladimir Jurowski

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C'est devant un public venu nombreux que dirige l'orchestre de chambre d'Europe en commençant par la délicieuse Valse-Caprice du «père de la musique russe», .

Cette pièce de concert et non de salon confié à un orchestre au meilleur de lui-même, plonge l'auditoire dans une atmosphère tour à tour nostalgique, dynamique, espiègle… qui laisse présager du meilleur pour le célèbre Concerto pour violon de Tchaïkovki qui suit, œuvre mise récemment au premier plan dans le film Le Concert de Radu Mihaileanu. C'est ici qu'entre en scène qui éblouit l'assistance avec une technique et une sensibilité avérées. Les doubles cordes, les harmoniques que l'ont retrouvera dans le bis, les grands traits, les sauts d'intervalles disjoints… des mouvements extrêmes ne semblent pas lui poser plus de problème que le chant mélodieux de la «canzonetta» du second. D'autant que l'orchestre aux pupitres parfaitement équilibrés, le soutient et lui répond avec autant d'aisance. Violoniste, orchestre et chef offrent une leçon d'écoute et d'échanges à qui sait écouter et voir. Il n'est qu'à observer la direction du chef, très précise et variée en même temps : la main droite assure la pulsation, la gauche l'intensité… mais pas toujours. Parfois il s'arrête, n'intervient qu'avec quelques éléments gestuels ponctuels destinés à un pupitre comme une petite rotation souple du poignet, parfois encore il ne dirige que du regard ou d'un geste de la tête… Et tout sonne merveilleusement. Le violoniste, lui, fait sonner son instrument en faisant vraiment corps avec lui, sans ajout intempestif, en observant toujours le chef et l'orchestre qu'il paraît motiver à tel point qu'il semble parfois que deux chefs sont à la tête de ce merveilleux ensemble. Osmose humaine pour une symbiose musicale à l'accent russe et romantique : un succès mérité aux nombreux rappels qui inciteront à jouer seul le savoureux Souvenir des Amériques d'Henri Vieutemps, un thème et variation fondé sur un traditionnel américain auquel Francis Blanche ajouta naguère d'amusantes paroles pour en faire… le Dindon digne ! Là encore, toute la technicité, l'espièglerie… la virtuosité en un mot du musicien met en joie les spectateurs qui terminent donc très enthousiastes cette première partie.

La seconde partie commence avec l'Ouverture de Schubert, dont le sous-titre «dans le style italien» est donné à titre posthume par Ferdinand, le frère du compositeur. Même avec son introduction lente (mais en tonalité majeure), cette œuvre séduit d'emblée l'auditoire par son côté joyeux, comme l'atteste par exemple le deuxième thème de cette forme sonate sans développement, avec ses dialogues entre violons et bois. Commence ensuite la Symphonie n°3 de Schubert. Là encore, l'orchestre offre un moment musical fort dans une œuvre peu à l'affiche. Après une angoissante introduction qui n'est pas sans rappeler celle de la Création de Haydn, intervient un Allegro con brio plein de fougue, qui met en valeur les clarinettes et violons avant de laisser place aux hautbois et bassons dans un second thème de caractère dansant tandis que les flûtes se joindront aux hautbois pour donner plus de tension dans le développement. L'allegretto qui suit laisse la part belle dans sa partie centrale à un délicieux air de clarinette. Il est amusant de constater que le menuet contient un bourdon à l'allure délicieusement paysanne tandis que le trio offre un Laendler, donc une danse autrichienne, des plus charmants. Le presto vivace finale aux allures de tarentelle finit l'œuvre de manière dynamique et enlevée. Devant une telle qualité, les applaudissements et rappels sont longs et nombreux.

Le concert se termine par un bis délicieux : l'»Ouverture» de Cendrillon de Rossini, clin d'œil à l'ouverture initiale de Schubert «dans le style italien». La boucle est bouclée et le triomphe assuré. Brava !

Crédit photographique : DR

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