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Dijon. Auditorium. 14-XII-2010. Edvard Grieg (1843-1907) : Concerto pour piano en la mineur op. 16. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 1 en ré majeur « Titan ». Jean-Yves Thibaudet, piano. Orchestre Philharmonique du Luxembourg, direction : Emmanuel Krivine

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C'est un plaisir d'aller au concert pour y savourer des œuvres connues du répertoire romantique : on espère ainsi avoir l'impression de retrouver ses émois de jeune mélomane avide de sentimentalité, sans doute…

Le Concerto pour piano de Grieg offre en effet toute la palette de contrastes nécessaires pour évoquer les affects qui «touchent l'âme», et possède dans son jeu des ressources assez variées pour combler un public qui ne demande qu'à les éprouver. La morphologie de la main de ce grand gaillard lui permet de parcourir avec force le clavier, et ce, dès l'introduction. On retrouve cette précision de l'attaque dans le final et dans les réminiscences folkloriques des danses norvégiennes qui sont enlevées avec maestria. L'adagio central donne l'occasion à l'interprète de montrer une certaine sensibilité, et l'on comprend alors ce qui a contribué à sa réputation : une vélocité contrôlée peut très bien aller de pair avec un jeu plus expressif. Dans son interprétation, le concerto de Grieg est envisagé plutôt d'une façon héroïque et visiblement, c'est un choix assumé. En revanche, la valse de Chopin en la mineur, jouée en bis, est interprétée d'une manière un peu brutale à notre avis.

L'Orchestre Philarmonique du Luxembourg frappe de prime abord par la jeunesse de ses membres, puis on est vite convaincu par la vivacité de son chef : la gestique est harmonieuse et précise, et de ce côté-là, la réputation d' n'est plus à faire. Pourtant, cet orchestre jeune parait bien sage ! On a l'impression que l'œuvre de manque d'ampleur et finalement de romantisme : le trait pourrait sans doute être plus forcé. S'il y a dans cette œuvre des lourdeurs comme la fin du dernier mouvement le démontre assez, il y a aussi tout un échantillonnage de sensations à exprimer.

Ainsi, le sentiment de l'immensité de la nature dans le début du premier mouvement est mal rendu, on aurait envie de sentir davantage l'espace d'une forêt avec ses oiseaux qui chantent à la quarte… De même l'ironie, si présente dans les œuvres du compositeur autrichien, n'est peut-être pas assez soulignée dans les mouvements centraux. Mais on savoure sans retenue les interventions des pupitres de cors et de percussions : il faudrait peu de choses pour que la soirée soit mémorable.

Crédit photographique : © Decca / Kasskara

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