Hommage à Dimitri Bashkirov

Le théâtre des Bouffes du Nord et Arcadia Musica coréalisent cette année une nouvelle série de concerts «Maestros & Friends». Son premier volet a eu lieu les 21 et 22 novembre avec Dimitri Bashkirov, pianiste et pédagogue mondialement connu, et ses élèves. Après des récitals d'élèves et une session de master class, le concert de clôture, lundi soir, réunissait six jeunes pianistes «d'horizons divers, aux personnalités très marquées» choisis par le maître.

Le concert se déroule en trois parties : d'abord un diaporama présentant différents moments de la vie de Bashkirov, commenté par lui-même, montrant les amitiés qu'il noua avec de nombreux musiciens, jeunes et moins jeunes, connus et moins connus. La deuxième partie est consacrée à un mini-récital de Stanislav Ioudenitch, jeune Russe à l'expression très originale. Dans Ravel, celui-ci met en valeur une large variété de nuances et de timbres, dans Chopin cette nuance s'étend au rythme et au tempo. Mais son interprétation énergique et haute en couleurs des Trois mouvements de Petrouchka est vraiment galvanisante, puisant ses expressions toujours dans un formidable éventail de nuances. Il conclut sa partie avec un Moment musical en la bémol majeur de Schubert, très nostalgique.

La troisième et dernière partie est un programme surprise où se succèdent des pianistes en vue : les deux frères espagnols Victor et Luis del Valle livrent les Variations sur un thème de Paganini de Lutostławski, dynamiques et presque endiablées ; le Français David Kadouch (Révélation aux Victoires 2009) nous offre dix des vingt-quatre Préludes op. 34 de Chostakovitch, très expressifs. Puis, une véritable surprise : un pianiste espagnol, Luis Fernando Perez, qui n'était pas prévu au programme, joue (en jeans et baskets), poussé par Bashkirov, une passionnante Asturias d'Albeniz. Puis Claudio Martinez-Mehner fascine le public avec une douce Sonate en do dièse mineur de Scarlatti, d'une légèreté aérienne, immédiatement suivie de Ce qu'a vu le vent d'Ouest, extrait des Préludes de Debussy, avec une violence habilement maîtrisée ; et à la fin, Palema Mangova et David Kadouch interprètent à quatre mains quelques Valses de Brahms, au son lumineux et cristallin.

En somme une bien belle soirée qui nous fit oublier le temps.

Crédit photographique : Dimitri Bashkirov © Dimitri Bashkirov