Rutilance orchestrale pour Joseph Suk par Jiří Bĕlohlávek

Serait-ce l'arrivée de Josef Suk aux avant-plans discographique ? Après trois belles versions de sa symphonie Asraël, en 2009, voici un disque consacré à l'une des plus belles œuvres : le poème symphonique Zráni (Maturation).

Composé en 1917, sur un poème d'Antonin Sova, il est un hymne à la vie et à la terre nourricière. Un chœur féminin, chantant à bouche fermée, intervient dans les dernières mesures des 7 volets de cette partition. Arrivée à un stade suprême de maturité artistique et de maîtrise de ses moyens, le compositeur offre une musique grandiose à la fois rutilante dans ses expansions et d'une grande finesse d'orchestration avec certains alliages orchestraux d'une poésie aussi subtile que rafraîchissante. C'est toute la nature qui explose, avec des couleurs et ses emportements dans cette fresque orchestrale.

Changement de ton et recul dans le temps avec la symphonie n°1 en mi-majeur, cette œuvre de jeunesse (1897) est plus classique de forme, mais elle montre déjà la belle maîtrise instrumentale et le sens mélodique du musicien. Cette pièce est traversée par une douceur et une mélancolie parfaitement «Europe centrale».

Jiří Bĕlohlávek, qui est très actif au disque ces derniers temps, passant de DGG à Chandos avec parfois des étapes chez Harmonia Mundi, poursuit une anthologie Suk qu'il avait commencé à la tête de la Philharmonie tchèque (Chandos). Il troque l'orchestre le plus affûté pour cette musique pour ses forces radiophoniques londoniennes. Le résultat est excellent tant la précision du BBC Symphony, dans ses dynamiques et dans ses interventions solistes est à toute épreuve. Le chef sait faire chanter et briller cette musique taillée sur mesure pour un orchestre en parade et un chef au bras assuré !

Ces deux partitions avaient été honorées par les légendes des pupitres tchèques (on peur retrouver chez Supraphon des disques gravés par Vaclav Talich, Karel Ancerl ou Vaclav Neumann), mais la plus-value sonore de cette superbe captation Chandos en fait une référence indiscutable.