Edito
Nos confrères de Gramophone relayaient l’organisation d’une réunion majeure des équipes d’Universal, à Londres, pour remettre le classique au centre des préoccupations de la multinationale.
Plusieurs signatures viennent démontrer le grand retour d’Universal vers le classique : la soprano polonaise Aleksandra Kurzak, la violoncelliste Alisa Weilerstein, le violoniste Mikhail Simonyan, la soprano Mojca Erdmann et le guitariste Miloš Karadaglić. Ces noms viennent s’ajouter à une foule de nouveaux entrants : le percussionniste Martin Grubinger, la pianiste Alice Ott et, en guise de porte drapeau symbolique, l’arrivée de Daniel Baremboim chez Decca. Certes, ce retour est tout de même un bon point et redonne une place, et surtout, une valeur au classique, dans un marché annuel en légère progression (+3% en Allemagne entre juin 2009 et juillet 2010). Mais cette évolution est surtout le fait des consultants en marketing qui, après le credo du “éliminons ce qui ne rapporte pas assez”, sont revenus au temps du “recentrons-nous sur les marchés de niche, c’est toujours cela de gagné dans un contexte global morose”, plus que d’une volonté de défendre les artistes. L’attitude des majors fait penser à celle de grands clubs de football qui achètent, par lubie, des joueurs de talent pour les mettre, rapidement, sur le banc de touche…On peut ainsi citer le nom d’artistes, souvent prestigieux, qui une fois chez DGG, chauffent le banc ou sont limités à des rôles secondaires : à l’image du chef Esa-Pekka Salonen, arrivé tambour battant chez DGG, et qui publie désormais ses disques pour le label auto-produit de son Philharmonia Orchestra ! Qu’en sera-t-il dès que le marché sera réorienté à la baisse ?
Mais le principal problème du marché actuel du disque n’est pas dans la production (sans cesse exponentielle, on en sait quelque chose à ResMusica !) mais dans la distribution. Il devient de plus en plus difficile pour les labels de mettre leurs productions en face des consommateurs : la présence des disques dans les magasins spécialisés ou dans les grandes chaînes, à l’exception de quelques locomotives commerciales mondialement connues et de l’ogre Naxos, est presque devenue impossible. En France cela fait longtemps que le réseau d’une grande firme culturelle réduit, avec méthode, la présence du classique dans ses bacs, alors que le téléchargement, de ce côté de l’Atlantique, reste une niche et n’est pas encore la bouée de sauvetage escomptée ! Malheureusement, la plupart des labels regarde, angoissée, l’avenir sans envisager ou tenter de mettre au point des solutions de repli. Pourtant, du téléchargement à la vente par correspondance, en passant par le streaming, Internet reste, plus que jamais, le meilleur moyen d’entrer en contact avec les mélomanes. Il est donc urgent de mettre en place de nouveaux schémas de distribution.
Du côté de ResMusica, nous dévoilerons, comme chaque année, nos clefs de l’année, le 1er décembre prochain. Outre les catégories habituelles des CD, DVD et livres, vous retrouverez le prix annuel qui récompense un artiste. Vous saurez donc qui succèdera au brillant pianiste Frédéric D’Oria-Nicolas.