Plus de détails
Paris. Opéra Garnier. 5 et 6/XI/10. Concours annuel du Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris.
Concours annuel du Ballet de l'Opéra
Le concours de promotion de l'Opéra de Paris demeure le seul moyen de gravir les échelons hiérarchiques au sein du Corps de ballet. En dépit d'un très bon cru, très peu de postes Femmes étaient malheureusement à pourvoir cette année, et seules deux danseuses furent promues à l'issue des épreuves. En revanche, du côté des Hommes, de nombreux postes étaient disponibles, alors que le niveau général était beaucoup plus décevant.
Concours Femmes
La classe des Quadrilles comportait cette année un certain nombre de personnalités saillantes. Sylvia-Cristel Saint-Martin fut seule promue, une distinction méritée. Sa technique fine et aérienne fit merveille dans la variation imposée du Lac des Cygnes, et elle exécuta avec beaucoup de grâce et de panache la difficile variation de Sylvia. Marion Barbeau, classée deuxième, exécuta une fort belle variation de Raymonda. Leila Dilhac, classée troisième, aborda avec beaucoup de finesse et de charme la variation de La Taverne. Léonore Baulac, classée quatrième, fut aussi lumineuse qu'espiègle. Marine Ganio, danseuse à la personnalité affirmée et à la technique sûre, fit preuve d'un réel engagement interprétatif dans sa variation de Carmen : elle aurait assurément mérité mieux qu'une cinquième place.
La classe des Coryphées n'offrait elle aussi qu'un seul poste : seule Valentine Colasante fut promue à l'issue du Concours. Alors que la majorité de ses compagnes ont «fauté» sur la difficile variation de Paquita, elle a survolé les difficultés techniques et nous a offert une magnifique Sérénade de Lifar. Eléonore Guérineau, classée deuxième, nous gratifia d'une danse précise et limpide. Daphné Gestin, explosive dans sa variation de La Chambre, proposa un joli numéro de charme. Charlotte Ranson interpréta avec beaucoup de finesse Les Mirages de Lifar. Quant à Laurène Lévy, elle fit preuve des plus jolies qualités lors de sa variation de Nikiya.
Contre toute attente, le poste de Première danseuse, qui suscitait par avance force pronostics, ne fut pas pourvu. Le niveau des candidates était pourtant particulièrement élevé cette année. Les postulantes se jouèrent aisément des difficultés de la variation imposée : chacune campa Manon avec un tel engagement qu'il était fort difficile de les départager à l'issue de l'épreuve. La variation libre permit au contraire de distinguer des qualités probantes chez certaines d'entre elles. Sara Kora Dayanova fut véritablement époustouflante dans la variation de la claque. Hiératique et lyrique, elle nous offrit une interprétation subtile qui ne faillit à aucun moment. Mathilde Froustey, qui interpréta une Carmen pleine de superbe, fut elle aussi la grande oubliée de la journée : si bien distribuée durant la saison, elle est systématiquement «boudée» lors du Concours annuel. Quant à Amandine Albisson, elle possède d'ores et déjà l'envergure d'une soliste. La très poétique Alice Renavand pécha sans doute par le choix de sa variation libre, laquelle ne sut pas suffisamment mettre en valeur ses qualités interprétatives.
Concours Hommes
Le constat était inverse chez les Hommes, avec une classe des Quadrilles très décevante et une classe des Sujets brillante alors qu'un seul poste de Premier Danseur était à pourvoir.
Extrêmement laborieuse, la classe des Quadrilles a dû se battre pied à pied pour ne pas flancher dans la variation d'Albrecht de l'acte II du Lac des Cygnes. Ce fut un carnage, dont s'est détaché, comme attendu, Hugo Vigliotti, remarqué sur scène en début de saison dans Le Rendez-Vous de Roland Petit, plus léger et plus inspiré que ses camarades. Arrivant deuxième de sa classe, il a été promu Sujet. Ce sont les variations libres qui ont fait la différence, avec Napoli, d'Auguste Bournonville, brillamment interprétée par Pierre-Arthur Raveau, qui a du coup remporté la première place du concours. Hugo Vigliotti avait choisi le brio de la première variation de James dans l'acte II de La Sylphide, assurant tranquillement sa promotion. Les autres promus sont Alexandre Gasse, très à l'aise dans Push Comes to Shove de Twyla Tharp et Julien Cozette, qui n'avait pas la maturité nécessaire pour danser Sept danses grecques de Béjart.
Meilleur niveau général dans la classe des Choryphées, où les cinq postes de Sujets à pourvoir ont trouvé preneur. Daniel Stokes, remarqué pour son impeccable manège dans la variation du Prince Désiré de l'acte III de La belle au bois dormant est arrivé premier du concours. Il ne semblait pourtant pas assez mûr pour danser Don José dans Carmen, sa variation libre. Contrairement à la plupart de ses confrères, Yannick Bittencourt avait choisi du classique pour sa variation libre, avec La Fille mal Gardée. Bien lui en a pris, il a fini sur la deuxième marche du podium. Marc Moreau, vif et rapide dans La belle, au style affirmé dans Arepo de Béjart, marquait sa différence et mérite amplement sa promotion. Cyril Mitilian, qui avait choisi la même variation libre, était nettement en dessous ! Tandis qu'Alistair Madin, le dernier promu, il était noble et léger dans La Belle et plus décevant dans L'Arlésienne, un choix discutable pour ce danseur expressif.
Seul promu Premier danseur de la classe des Sujets, Florian Magnenet s'est tiré sans brio, mais avec efficacité, de la difficile variation de Basilio, extraite de l'acte III de Don Quichotte. Dans Suite en blanc, qu'il avait choisi pour sa variation libre, il a fait preuve d'une belle ampleur. Dans cette classe des Sujets à fort potentiel, d'autres danseurs comme Fabien Révillon (arrivé sixième) ou Mallory Gaudion (classé troisième) sont à suivre de près. Certains espoirs, tels Audric Bezard (deuxième) ou Yannick Saïz (quatrième) ont raté leur concours, en enchaînant les erreurs techniques dans la variation imposée. Leurs superbes prestations libres dans des variations de Balanchine n'ont pas réussi à leur permettre de remonter dans le classement.
Plus de détails
Paris. Opéra Garnier. 5 et 6/XI/10. Concours annuel du Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris.