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Baremboim et Trekel rendent hommage à Schumann

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Berlin. Schillertheater. 07-XI-2010. Robert Schumann (1810-1856) : Liederkreis op. 24. Dichterliebe op. 48. Roman Trekel, baryton ; Daniel Barenboim, piano.

et la Staatsoper unter den Linden : la symbiose est d'une intensité unique au monde entre le chef et sa maison, entre opéras, concerts symphoniques sur place et en tournée, et concerts où Barenboim intervient en tant que soliste.

Cette saison, une ample série de matinées est ainsi consacrée au Lied, avec des interprètes aussi prestigieux que Magdalena Kožená ou Christine Schäfer. Le premier concert de la série, avec Jonas Kaufmann, avait du reste dû être annulé ; pour le second, une solution a pu être trouvée pour remplacer l'irremplaçable Thomas Quasthoff, et c'est au sein de la maison qu'elle l'a été : est un chanteur bien connu dans le monde entier, mais c'est aussi un membre de la troupe où il est rentré dès le début de sa carrière il y a près d'un quart de siècle.

Le défi était considérable, mais il a été relevé brillamment : non seulement le timbre sombre de n'est pas sans faire penser à celui de Quasthoff, mais sa façon d'aborder cet art suprême qu'est le Lied marque aussi une proximité spirituelle avec la sienne. Le Lied est un art du mot d'où l'effet est proscrit : aucune place n'est laissée ici à la sentimentalité, et les quelques plages plus paisibles de Dichterliebe ne sont que de fragiles îlots où le répit n'est jamais qu'illusoire.

On le sait, est un homme très occupé, et la surcharge de travail qu'il s'impose n'est pas sans influer sur la qualité de ses prestations, tantôt inégalables, tantôt quelconques. On pouvait craindre, en début de concert, d'avoir en face de soi le Barenboim des mauvais jours ; mais cet accompagnement anonyme, non sans à-coups, cède la place avant même la fin du premier cycle à un art d'une suprême poésie. Barenboim montre alors tout ce que peut apporter un grand pianiste dans ce répertoire : l'infinie délicatesse du toucher forme un écrin d'une précision sans faille pour l'interprétation sans apprêts d'un baryton au sommet de son art, tout en dégageant des perspectives poétiques qui vont au-delà des mots. On sent ici le fruit des longues années de travail en commun entre ces deux musiciens ; à peine si un regard, un geste trahissent l'écoute mutuelle : la musique naît ici d'une unique respiration.

Crédit photographique © Monika Rittershaus

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Berlin. Schillertheater. 07-XI-2010. Robert Schumann (1810-1856) : Liederkreis op. 24. Dichterliebe op. 48. Roman Trekel, baryton ; Daniel Barenboim, piano.

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