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Lyon. Auditorium Maurice Ravel. 13-X-2010. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour violon et orchestre n°4 en ré majeur, KV 218. Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°4 dite « Romantique ». Arabella Steinbacher, violon. Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, direction : Herbert Blomstedt.
Après le Wiener Philarmoniker et le Budapest Festival Orchestra, c'était au tour d'une autre formation européenne prestigieuse, le Gewandhaus de Leipzig, de se produire à l'Auditorium Maurice Ravel dans le cadre de la courageuse série des orchestres invités. Une fois de plus, on déplorera que le public n'ait pas entièrement rempli l'immense vaisseau lyonnais pour fêter ce concert qui s'annonçait comme le plus stimulant du début de saison. Le concert débutait par le concerto pour violon n°4 de Mozart… alors qu'on attendait -Gewandhaus oblige- Mendelssohn ou Brahms. Leurs chef-d'œuvres pour orchestre et violon ont été respectivement créés en 1845 et 1879 par l'illustre formation allemande.
A t-on perdu au change? Sûrement pas tant Arabella Steinbacher, l'une des artistes les plus douées de sa génération investit le continent mozartien avec un naturel et une musicalité exemplaires. Aucune affèterie mutterienne dans ce jeu rayonnant de simplicité. Aidée par la sonorité admirablement chantante de son Stradivarius «Booth», l'Allemande ravit par son legato diaphane dans l'andante cantabile et sa vivacité enjouée donne une couleur enfantine au dernier mouvement. D'une attention presque «paternelle» à l'encontre de sa jeune soliste, Blomstedt joue la carte de l'accompagnement discret et du dialogue permanent. C'est un Mozart sans surprises mais d'une musicalité exquise, aux respirations fréquentes et opportunes. Les cordes traditionnellement ouatées de Leipzig, si à l'aise dans la musique romantique, pourront sonner un peu épaisses à certaines oreilles. La plénitude sonore est cependant telle qu'on rend vite les armes.
Dans Bruckner, le Gewandhaus est toujours à son meilleur. A défaut de la parfaite 7ième Symphonie qu'il a créé en 1884, l'orchestre avait choisi la Quatrième Symphonie dite «Romantique». Blomstedt livre une lecture mémorable de cette partition composée en 1873-74 et révisée en 78-80. Sans doute déconcertante pour les thuriféraires d'un Bruckner puissant, éruptif ou métaphysique, la vision à priori peu monumentale -d'une clarté et d'une transparence rares- du suédois s'impose dès les premières mesures. On a souvent vanté les qualités d'architecte, de «bâtisseur de cathédrale musicale» du compositeur autrichien. Puissantes mais souvent excessivement percussives, hautement bruyantes bien des interprétations ne rendent pas justice à la richesse de son orchestration qui met autant en valeur les cuivres (et dieu sait que ceux du Gewandhaus sont époustouflants) que les violons et les bois. Blomstedt vise l'équilibre entre tous les pupitres qui cohabitent sans jamais se faire de l'ombre. On entend tout, des chuchotements des violons aux incandescences des cors en passant par le lyrisme déchirant des cordes graves. Pour autant, jamais cette attention portée à la mosaïque sonore ne fait oublier que derrière la musique, il y a une trajectoire qui doit nous mener jusqu'à l'accomplissement sinon à l'extase. Les mouvements s'enchaînent avec fluidité et une symphonie-cathédrale, à l'intelligence organique aiguë- se construit devant nous. Sans jamais écraser ni nous laisser sur le carreau.
Crédit photographique © Arabella Steinbacher
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Lyon. Auditorium Maurice Ravel. 13-X-2010. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour violon et orchestre n°4 en ré majeur, KV 218. Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°4 dite « Romantique ». Arabella Steinbacher, violon. Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, direction : Herbert Blomstedt.