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Giuseppe Verdi (1813-1901) : Don Carlo. Mise en scène : Jean-Claude Auvray. Scénographie : Jean-Paul Chambas. Avec : Montserrat Caballé, Elisabetta di Valois ; Grace Bumbry, La Principessa d’Eboli ; Giacomo Aragall, Don Carlo, Infante di Spagna ; Renato Bruson, Rodrigo, Marchese di Posa ; Simon Estes, Filippo II, Re di Spagna ; Ewa Godlewska, Voce dal cielo ; Luigi Roni, Il Grande Inquisitore ; Olim Sadoullaiev, Un Frate ; Pierrette Delange, Tebaldo ; Jean-Louis Elie, Il Conte di Lerma ; Guy Gabelle, Un Araldo reale ; Bertrand Kovack, Alain Perraton et Alain Vernhes, Deputati fiamminghi. Chœurs de Radio-France (chef de chœur : (Jacques Jouineau). Orchestre National de France, direction : Thomas Fulton. Réalisation : Yves-André Hubert. Enregistré le 13 juillet 1984 au théâtre antique d’Orange. Sous-titrage en italien, anglais, français, espagnol et allemand. 2 DVD. Hardy Classic Video HCD 4045. Code-barre : 8018783 040450. Format image : 4 : 3 NTSC. Zone 0. Durée : 3h11’.
Hardy Classic VideoSur le plan vocal, on pouvait difficilement faire mieux en ce milieu des années 1980, et chacun des solistes réunis pour ce beau soir de juillet 1984 sur le plateau du Théâtre antique d'Orange atteint des sommets d'émotion musicale.
Giacomo Aragall, en cette époque qui précédait encore l'engouement planétaire pour les «Trois ténors», surclasse aisément, par l'élégance de ses phrasés et le charme latin de son ténor essentiellement lyrique mais capable d'ampleur, les deux autres grands tenants du rôle de Carlo en ces années-là, Carreras et Domingo (Pavarotti ne devant aborder le rôle que plus tardivement, et de façon épisodique). Grace Bumbry, près de vingt ans après son légendaire enregistrement de l'opéra sous la baguette de Solti, est encore plus extraordinaire dans le rôle d'Eboli. Elle qui, dans les années 1980, flirtait inutilement avec les grands rôles de soprano (Tosca, Aida, Abigaille, etc. ) retrouve ici avec bonheur un emploi dans lequel elle était restée, sa grande rivale Shirley Verrett mise à part, sans égale. Moins connu à l'époque, Renato Bruson prouve lui aussi qu'il était de loin le meilleur baryton Verdi du moment, bien plus engagé que ses aînés Sherril Milnes et Piero Cappuccilli, toujours bons chanteurs mais interprètes trop souvent ternes et indifférents. Même si la voix de Montserrat Caballé était déjà, en 1984, affligée de ce léger vinaigre qui devait gâcher les dernières années de sa carrière, elle n'en reste pas moins une sublime Elisabetta, aux pianissimi impalpables et au jeu toujours empreint de grâce et de dignité malgré son statisme caractéristique. Simon Estes impressionne en Philippe II, même si on ne retrouve pas toujours le superbe legato des grands interprètes du rôle, les Christoff, Siepi, et autres Ghiaurov. Les autres interprètes de l'ouvrage complètent avantageusement une distribution manifestement triée sur le volet, et le Chœur de Radio-France ainsi que l'Orchestre National de France, dirigés par le jeune Thomas Fulton, sont tout simplement extraordinaires de présence et d'engagement. On comprend aisément l'enthousiasme délirant du public, galvanisé par une telle fête vocale et musicale.
Il n'est pas sûr néanmoins que la diffusion en DVD de ce spectacle s'imposait, et sans doute n'intéressera-t-elle que les inconditionnels des interprètes réunis ici. En effet, on peut difficilement imaginer mise en scène plus plate que celle conçue par Jean-Claude Auvray, qui de toute évidence s'était contenté pour l'occasion de régler tant bien que mal les entrées et sorties des foules et des personnages solistes, engoncés dans des costumes parfois d'une rare laideur, et complètement perdus dans un espace à aucun moment maîtrisé. Si certains des chanteurs, forts de leur riche expérience théâtrale, parviennent à se réfugier dans des poses et des attitudes conventionnelles – Bumbry –, d'autres – Aragall – sont à la limite de la démission… Un Carlo qui ne regarde pas ses partenaires au cours de ses nombreux duos (avec Elisabetta, Eboli, Rodrigo…), c'est un peu dur à avaler !
Certes, on peut comprendre que filmer en un tel lieu relevait du défi, mais quand on pense au miracle de beauté et d'intelligence réalisé dix plus par tôt Pierre Jourdan dans ce même théâtre à l'occasion de la sublime Norma de Montserrat Caballé, on ne peut s'empêcher de trouver la caméra d'Yves-André Hubert quelque peu primitive : gros plans inappropriés, transitions floutées, scènes d'ensemble mal cadrées, etc. D'un tel ratage émergent de temps à autres quelques belles images, qui rappellent que Don Carlo est avant tout un drame intime – quelques gros plans sur Bruson et Estes dans le duo de la fin de ce qui, dans la version retenue, constitue le premier acte… –, et que c'est aussi un «grand opéra» : la scène de l'autodafé, avec en toile de fond «le plus beau mur du royaume» (selon Louis XIV) n'est pas sans laisser quelque frisson, et de tels moments, trop rares, font heureusement oublier pour quelques instants la laideur et le gâchis de cette captation…
On rêve à ce qu'auraient pu faire de cette soirée un grand metteur en scène et un grand cinéaste.
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Giuseppe Verdi (1813-1901) : Don Carlo. Mise en scène : Jean-Claude Auvray. Scénographie : Jean-Paul Chambas. Avec : Montserrat Caballé, Elisabetta di Valois ; Grace Bumbry, La Principessa d’Eboli ; Giacomo Aragall, Don Carlo, Infante di Spagna ; Renato Bruson, Rodrigo, Marchese di Posa ; Simon Estes, Filippo II, Re di Spagna ; Ewa Godlewska, Voce dal cielo ; Luigi Roni, Il Grande Inquisitore ; Olim Sadoullaiev, Un Frate ; Pierrette Delange, Tebaldo ; Jean-Louis Elie, Il Conte di Lerma ; Guy Gabelle, Un Araldo reale ; Bertrand Kovack, Alain Perraton et Alain Vernhes, Deputati fiamminghi. Chœurs de Radio-France (chef de chœur : (Jacques Jouineau). Orchestre National de France, direction : Thomas Fulton. Réalisation : Yves-André Hubert. Enregistré le 13 juillet 1984 au théâtre antique d’Orange. Sous-titrage en italien, anglais, français, espagnol et allemand. 2 DVD. Hardy Classic Video HCD 4045. Code-barre : 8018783 040450. Format image : 4 : 3 NTSC. Zone 0. Durée : 3h11’.
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