Wiseman ou l’art d’entrer dans la danse

Dans son documentaire La Danse, le ballet de l'Opéra de Paris, Frederick Wiseman s'attache à dresser un portrait de cette institution mythique qu'est l'Opéra de Paris.

Le cinéaste américain nous offre une plongée saisissante dans les coulisses du Palais Garnier et de l'Opéra Bastille. Wiseman prend le temps d'écouter, de regarder et de palper l'ambiance des lieux qu'il met en lumière : une immersion en apnée d'autant plus singulière qu'elle ne comporte aucune interview, aucun commentaire ou aucune musique ajoutée. Des instants de perfection fugaces filmés avec grâce par la caméra, laquelle n'exclut rien de son champ de vision : des rouages purement administratifs de l'institution en passant par les ateliers de confection, la cantine ou les négociation syndicales, le banal et l'infime prennent place et côtoient le sublime. C'est cela la clef de l'art de Wiseman : apprendre quelque chose, rester les yeux grands ouverts et regarder ce qui se passe avec le plus de naturel possible.

Il nous démontre que la Danse reste l'un des arts les plus exigeants qui soient (il suffit de regarder ces scènes de répétitions où danseur et répétiteur peaufinent et affinent le moindre mouvement, porteur de sens), mais qu'elle est aussi un tremplin vers la liberté pour ces artistes qui vivent au quotidien un grand amour avec la scène et le public. Car au-delà des difficultés inhérentes à cet art, c'est toujours la joie de danser qui prédomine chez ces artistes, entrés dans la danse comme on entre dans les ordres. Une ferveur qu'a su saisir Wiseman tout au long de ce documentaire qui privilégie les longs plans séquences, plus aptes à saisir le «fonctionnement» de la machine. DVD bijou au joli design, ce documentaire bénéficie de très belles images et d'un montage toujours très esthétique. Les extraits en répétition et en représentation incluent des œuvres de Rudolf Noureev, Pierre Lacotte, Wayne McGregor, Angelin Preljocaj, Pina Bausch, ou encore Mats Ek. Peut-être pourra-t-on seulement regretter l'absence de séquences bonus.