Thomas Dausgaard révolutionne Schumann au Rheingau musik Festival
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Eberbach. Kloster Eberbach. 19-VIII-2010. Robert Schumann (1810-1856) : symphonie Wo29 „Zwickauer“ ; Symphonie n°2 en Ut Majeur, Op. 61 ; Hector Berlioz (1803-1869) : Les nuits d’été, Op. 7. Nina Stemme, soprano ; Orchestre de chambre de Suède, direction : Thomas Dausgaard.
Situé sur les collines et dominant la vallée du Rhin, le monastère d'Eberbach, est au cœur d'un domaine viticole de haute réputation et de grande qualité. Sa basilique est l'un des centres principaux du Rheingau Music Festival offrant un cadre intimiste et méditatif pour des concerts des orchestres de chambre.
En ouverture d'une mini tournée européenne qui devait également le conduire à Londres et Salzbourg, l'Orchestre de chambre de Suède faisait escale à Eberbach pour un hommage à Schumann, l'un des thèmes annuels du festival.
On connaît les approches très personnelles de Thomas Dausgaard et de son orchestre à travers ses disques «Opening Doors» pour le label BIS : avec des effectifs très réduits, le chef décape (c'est peu dire !) les classiques. Son intégrale discographiques des symphonies de Schumann nous avait laissé un sentiment mitigé en dépit de belles réussites (symphonies n°1 et n°3) et surtout de beaucoup (trop ?) d'idées. Mais la prise de son favorisait le nerf sur le muscle et sonnait avec duretés dans des dynamiques plutôt écrasées. L'expérience du concert apporte un autre éclairage. Si la précision technique des pupitres n'est jamais prise à défaut, le son est plus rond et surtout le travail sur la pulsation et les contrastes s'avèrent plus coulants et naturels tout en gardant bien le côté «bourrasque des sentiments» que le chef met toujours en avant ! Ce Schumann follement romantique, gorgé de sèves, de passions et d'énergies avance de manière intraitable, éclatant dans des paroxysmes beethovéniens. Se servant d'une nomenclature instrumentale allégée (3 Contrebasses seulement !), le chef livre une interprétation altière, conquérante et inoubliable de la symphonie n°2, qui rend toute autre vision de Schumann caduque !
La majorité des auditeurs était certainement venue pour la prestation de Nina Stemme, l'Isolde du moment ! On attendait sa participation aux Nuits d'été de Berlioz avec un mélange d'inquiétude et de curiosité ! En grande artiste, la chanteuse se joue des pièges de cette musique et livre une lecture, personnelle mais finement subtile. Dans un français intelligent à défaut d'être toujours irréprochable, l'artiste sait faire parler les notes mais se sert surtout d'une voix qui ne semble pas connaître de limites en termes de nuances et de couleurs. Ces Nuits d'été sont des nuits d'attente et de souffrance dans un esprit romantique et automnal mais jamais lourd ou intentionné. Le chef est très attentionné à ne jamais couvrir une voix qui s'épanouit tout naturellement. On note, une façon de chanter très saine qui ne vise pas à sur-jouer les voyelles comme certaines chanteuses francophones le font encore !
Crédit photographique : © Thomas Dausgaard/Thomasdausgaard. com
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Eberbach. Kloster Eberbach. 19-VIII-2010. Robert Schumann (1810-1856) : symphonie Wo29 „Zwickauer“ ; Symphonie n°2 en Ut Majeur, Op. 61 ; Hector Berlioz (1803-1869) : Les nuits d’été, Op. 7. Nina Stemme, soprano ; Orchestre de chambre de Suède, direction : Thomas Dausgaard.