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Attila le gentil à Saint-Pétersbourg

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Saint-Pétersbourg. Théâtre Mariinsky. 13-VII-2010. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Attila, opéra en un prologue et 3 actes sur un livret de Temistocle Solera révisé par Francesco Maria Pave. Mise en scène : Arturo Gama. Décors : Frank Philipp Schlössmann. Costumes : Frank Philipp Schlössmann et Hanne Loosen. Lumière : Evgeni Ganzburg. Avec : Ildar Abdrazakov, Attila ; Vladimir Vaneyev, Ezio ; Maria Guleghina, Odabella ; Evgeni Akimov, Foresto ; Mikhail Makarov, Uldino ; Fiodor Kuznetsov, Leone. Chœur et Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, direction : Valery Gergiev

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Le XVIIIème festival «Etoiles des nuits blanches» au théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg proposait trois nouvelles productions de Spartacus, du Château de Barbe Bleue et d'Attila le 13 juillet. L'opéra de Verdi était le seul à bénéficier de la baguette de , directeur musical du festival depuis sa création en 1993.

Le nom du festival fait directement référence aux légendaires nuits blanches de Saint-Pétersbourg. Avec un à deux concerts, récitals ou représentations d'opéra et de ballet pratiquement tous les jours de fin mai à fin juillet, au plus fort de la saison touristique, le festival est l'occasion parfaite pour découvrir le splendide théâtre Mariinsky avec des affiches d'artistes, russes le plus souvent, de classe internationale.

C'était le cas de cette soirée de première, marquée par l'impeccable basse dans le rôle d'Attila, et la beaucoup plus controversée . Dans nos colonnes la soprano avait été considérée «touchante, dans son intonation» dans ce rôle à la Bastille en 2001, «pas si hurleuse qu'on a bien voulu le faire entendre, et même capable de nuances fort bienvenues» dans Nabucco la même année (DVD TDK) et même «bouleversante» en Lady Macbeth au Metropolitan en 2008 (DVD EMI Classics). Dans les années 1880 à Londres, le cinglant Georges Bernard Shaw maudissait les chanteuses qui concurrençaient avantageusement la puissance des sifflets de locomotive. Au Mariinsky, il n'aurait rien retiré de ses propos. Sur ses terres, la soprano a magistralement traduit la force de la locomotive P36, colossale et dernière traction à vapeur soviétique sortie des usines Kolomna dans les années 1950. Placée derrière le chœur au complet et à pleine puissance, ses aigus parvenaient encore à déchirer l'espace, alors que dire de l'air « Santo di patria indefinito amori», noté sur le livret «con energia» ? Lors des applaudissements à la fin de la représentation, elle ne manqua certes pas d'énergie, recevant l'hommage du public non par l'humble inclinaison des épaules et de la tête, mais le torse bombé, un regard de défi, les bras levés en forme de V comme victoire… à moins que ce soit V comme vanité ? Reproche qu'on ne saurait adresser à l'Attila d', dont la noblesse vocale et l'autorité présentes dans la musique paraissent naturellement incarnées par la basse russe – des qualités relevées dans son interprétation de Moïse dans Moïse et Pharaon de Rossini (DVD TDK).

Le livret comme la mise en scène opèrent une curieuse inversion de perspective, qui rend cet opéra de jeunesse de Verdi particulièrement intéressant d'un point de vue russe, en dépit de la faiblesse de la structure dramatique du livret. Le héros le mieux caractérisé, le seul qui exprime des doutes, qui est hanté de visions, c'est Attila. Ainsi au début de l'Acte II, le général Ezio est seul sur un fond de forêt au clair de lune, pour son air «Tregua è cogl'Unni» avant qu'apparaisse Attila dans une scène de banquet : le sauvage n'est-il pas le général isolé dans la nature, et le civilisé Attila ? Abdrazakov y ajoute sa présence charismatique et son charme qui nous font maudire – ce qui est un comble d'invraisemblance – son assassinat par les trois Romains Odabella, Ezio et Foresto (Vladimir Vaneyev et Evgeni Akimov, impeccables), alors que ceux-ci entendent légitimement protéger Rome d'une invasion imminente par la horde du chef barbare.

La direction de Gergiev est aussi énergique, ferme et colorée qu'on peut l'espérer de sa part surtout avec l'orchestre et le chœur du Mariinsky, et cela compense la direction d'acteurs qui se limite à laisser les chanteurs se poser devant le public pour enchaîner leurs airs. Héros de la soirée, Attila- Abdrazakov salue les acclamations de la salle avec la modestie de l'interprète au service du public et de son art.

Crédit photographique : © Ildar Abdrazakov ; Attila © Théâtre Mariinsky

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Saint-Pétersbourg. Théâtre Mariinsky. 13-VII-2010. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Attila, opéra en un prologue et 3 actes sur un livret de Temistocle Solera révisé par Francesco Maria Pave. Mise en scène : Arturo Gama. Décors : Frank Philipp Schlössmann. Costumes : Frank Philipp Schlössmann et Hanne Loosen. Lumière : Evgeni Ganzburg. Avec : Ildar Abdrazakov, Attila ; Vladimir Vaneyev, Ezio ; Maria Guleghina, Odabella ; Evgeni Akimov, Foresto ; Mikhail Makarov, Uldino ; Fiodor Kuznetsov, Leone. Chœur et Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, direction : Valery Gergiev

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