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Saint-Denis. Basilique. 19-VI-2010. Gustav Mahler (1860- 1911) : Blumine ; Symphonie n°4 en sol majeur. Christiane Oelze, soprano. Orchestre National de France, direction : Daniele Gatti

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Festival de Saint-Denis

A deux jours d'intervalles, remet la Symphonie n°4 de Mahler sur le métier – toujours dirigeant par cœur, mais cette fois-ci, l'immense vaisseau de la basilique de Saint-Denis succède à l'acoustique très sèche du Chatelet.

En ouverture, le très court et très inspiré Blumine – une pièce à l'origine prévue comme deuxième mouvement de la Symphonie n°1 «Titan» et finalement écartée par Mahler en 1894. On doit à Benjamin Britten d'avoir ressuscité Blumine, le 18 juin 1967, dans le cadre du Festival d'Aldeburgh. Adapté du poème de Viktor von Scheffel, Der Trompeter von Säkkingen, la pièce est constituée d'une mélodie à la trompette. Rien de très ambitieux ni de très complexe, juste une belle et céleste mélodie sur un fond de cordes ténébreuses.

La Symphonie n°4 s'ouvre sur de légers décalages, en partie imputables à l'acoustique rebelle. Malgré cette phase d'adaptation, l'orchestre trouve peu à peu ses marques et l'on finit par apprécier le bel équilibre des bois et des cuivres. Gatti appuie sa conception sur une massification des cordes qui, de fait, évite l'expression d'une ironie mortifère propre à cette œuvre. Le propos est amène, mais sans l'humour mordant et vénéneux qui nous sortirait de la morne et stricte ligne directrice. Le violon solo joue souvent au talon, sans imprimer de modulation ou de nuance. Dans tout ce mouvement, il y a une tendance progressive à l'épaississement de la pâte sonore dans les forte, avec la conséquence directe que l'orchestre a du mal à diminuer la dynamique d'ensemble. Symptomatique, la fin du premier mouvement et ce crescendo mal contrôlé ; difficile de retenir l'orchestre, il se précipite dans le forte.

Le Ohne Hast du deuxième mouvement se traduit en alanguissements affettuoso, des phrases qui s'appesantissent, desservies par un violon désaccordé trop agressif. Les glissandis sont souvent contondants et les réponses entre les pupitres très appuyées. Un tendre miel expressif tient lieu de conception générale… Heureusement, tout s'équilibre dans le Ruhevoll ; l'agogique retrouve un sens perdu au mouvement précédent. Les longues plages expressives résultent admirablement de cette objectivité enfin retrouvée. Les dialogues entre cor et hautbois solo sont parfaitement maîtrisés, et dégagent une émotion troublante. Superbe également, cette montée vers le climax et l'irisation conclusive des cordes et des bois.

Quelle déception alors, lorsqu'intervient pour une Himmlische Leben qui fait mentir l'indication sehr behaglich… La soprano file droit, sans tenue (ni retenue). L'émission est comme durcie, le timbre décoloré, le legato forcé. Une contre-performance notable qui vient gâcher de belles promesses venues sur le tard.

Crédit photographique : © Natalie Bothur

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