Chopin vu par Cortot

Quel pianiste ou musicologue ne s'est délecté de l'écriture d'Alfred Cortot dans ses éditions de travail ? 

Outre les conseils technique de premier plan, le style raffiné, légèrement maniéré – aux longues phrases quasi proustiennes -, la richesse des adjectifs, la poésie des images en résonance aux phrases musicales, la profondeur donnée aux sentiments artistiques et humains font de Cortot, pianiste inoubliable et plume inspirée, un chroniqueur musical de la trempe d'un Berlioz.

Paru en 1949, les Aspects de Chopin dressent un portrait complet du musicien en sept chapitres qui illustrent cette extraordinaire connivence entre l'interprète et le compositeur : Au travers de quelques portraits – La main de Chopin – Chopin pédagogue – L'œuvre de Chopin – Ce que doit Chopin à la France – Les concerts de Chopin – Le caractère de Chopin. Ainsi, ce que nous dit Cortot dans ses interprétations, avec ce sentiment d'identification, se trouve pleinement explicité dans ces chapitres.

L'intérêt de cette réédition réside également dans la préface d'Hélène Grimaud. La pianiste, dont on apprécie également le talent d'écrivain à travers Variations sauvages et Leçons particulières, croise, dans son texte cultivé, musique et littérature, philosophie et esthétique.

Bertrand Dermoncourt propose des Indications discographiques dans lesquelles il retient quelques grands chopiniens, Cortot évidemment, Rubinstein, Magaloff, Perlemuter (… ), Arrau. Mais il oublie Cziffra qui portait une immense tendresse à Chopin – il était devenu son compositeur favori dans la seconde partie de sa carrière – et qui laisse d'inoubliables interprétations de la Sonate op. 35, des Impromptus, des 3ème et 4ème Ballades ou d'une poignée de Valses en concert et surtout, parmi une discographie chopinienne abondante, deux enregistrements proprement inouïs des 24 Etudes et du Concerto n°1 pour piano et orchestre.