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Lyon. Auditorium Maurice Ravel. 20-V-2010. Johannes Brahms (1833-1897) : Concerto pour piano et orchestre n°2, en si bémol majeur, op. 83. Maurice Ravel (1875-1937) : Rhapsodie espagnole, Daphnis et Chloé, suite d’orchestre n°2. Jonathan Biss, piano. Orchestre National de Lyon, direction : Jun Märkl.

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Avec toutes les tensions qui agitent l'ONL depuis le début de saison, on se rendait à ce concert avec un peu d'appréhension… Bien mal nous en aura pris de douter tant une nouvelle fois l'orchestre aura donné le meilleur, prouvant son incroyable motivation et sa capacité à répondre présent aux grands rendez-vous.

Après un concerto pour piano de Schumann transcendé par Nelson Freire, il incombait au deuxième concerto de Brahms, chef-d'œuvre de la littérature romantique «finissante» de voler aux mêmes altitudes. Dans ce concerto aux couleurs automnales, à la pudique – mais parfois – déchirante mélancolie, le piano n'a rien de «démiurgique». Le duel piano-orchestre est tout sauf titanesque, les deux dialoguant de manière presque chambriste dans le premier mouvement (Allegro ma non troppo) et surtout l'Andante, aussi beau que celui de la quatrième – elle aussi automnale-symphonie. L'Allegretto appassionato médian, et l'Allegretto final évoquent par contre le Brahms fougueux et enflammé des «Danses Hongroises». Le jeune semble neutre, très appliqué, plutôt propre (malgré quelques accrocs dans le deuxième mouvement) ; des lectures plus creusées et des visions autrement plus percutantes que celles du pianiste anglais nous sont revenues en mémoire. Par contre, l'Andante et son étreignant dialogue avec le violoncelle permet à de démontrer toute l'étendue de sa palette expressive – avec de superbes couleurs moirées. Accompagnement idéal de , cherchant à ne pas trop couvrir (sans toujours y réussir) le piano, et trouvant les bon tempi et la respiration idoine.

Avec , l'orchestre de Lyon est en terre d'élection – couleurs et rythmes sont parures pour le plus étincelant des diamants. On félicitera tous les pupitres sollicités, jamais pris en défaut de justesse et admirablement éloquents, notamment les violons à la douceur diaphane. Il n'empêche, on ne s'enlèvera pas de l'idée que l'esprit de cette musique échappe quelque peu à , qui peine à retranscrire la langueur lourde et la sensualité lasse du «Prélude à la nuit» ou de la «Malaguena» de la Rhapsodie Espagnole. Irrésistible en revanche, la Feria conclusive qui fait briller de mille feux les percussions de l'orchestre. Quant à Daphnis et Chloé, factuellement irréprochable (flûtes – chants d'oiseaux évocateurs à souhait dans le «Lever du Jour»), il aura manqué un peu de cette magie panthéiste que certains savent si bien y mettre – quoique l'obsédante et implacable danse générale fut un grand moment d'orchestre.

Crédit photographique : photo © DR

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