Adler Fellows du San Francisco Opera, une équipe de choc

Le soutien à la jeune génération de chanteurs n'est pas une moindre préoccupation des opéras américains comme le prouvent ceux de Los Angeles et Washington qui accueillent les programmes initiés par Placido Domingo, ou encore celui San Francisco.

Ce dernier accueille deux de ces prestigieux viviers que sont les résidences Merola et Adler, la seconde conclusion naturelle du premier. Susan Graham, Rolando Villazon, Deborah Voigt ou Joyce DiDonato sont quelques noms parmi les têtes d'affiches qui s'y sont lancés.

Ainsi, le dernier concert des «Adler Fellows», donné sur les hauteurs de San Francisco, voit se presser une foule de mécènes, simples amoureux de l'opéra ou étudiants qui savent à quoi s'attendre puisque les huit jeunes chanteurs sont les doublures du San Francisco Opera et montent sur scène régulièrement.

Tous sont pourvus d'une technique irréprochable, de timbres singuliers et d'une présence scénique éblouissante. Telle Maya Lahyani, mezzo au timbre ébène impressionnant d'homogénéité dans tous les registres. On regrette qu'elle ne s'aventure pas assez dans les pianissimi (Werther) mais elle est définitivement la tragédienne du groupe, nimbée de la majesté d'une statue grecque. Le contre-ténor Ryan Belongie excelle lui aussi dans le registre du tragique mais sur le terrain du lied où son sens du phrasé est le plus prégnant (Rachmaninov et Schubert). Les sopranos Susannah Biller et Sara Gartland sont des petits bijoux de jeu et d'agilité vocale qu'a mis en valeur «I am the foremost singer here» [«Ich bin die erste Sängerin»] du Schauspieldirektor de Mozart. Tandis que le baryton Austin Kness qui les accompagne est un très bon acteur mais son instrument est peu poli et son chant trop peu nuancé. Susannah Biller est par ailleurs remarquable dans Werther (Sophie) où son timbre cristallin et l'ingénuité de son personnage la rendent irrésistible.

On monte encore d'un cran avec la soprano Leah Crocetto et le ténor mexicain David Lomelì, qui finissent leur deuxième année dans le programme Adler. La jeune soliste a déjà fait parler d'elle avec son – tout – premier récital en Avril et ce soir elle est remarquable dans la découverte enflammée de sa féminité (Marguerite, «Ah, je ris de me voir si belle…»). Son lyrisme tendre et vulnérable, son timbre léger, suave et son français soigné trahissent une musicienne pleine de ressources. Tout comme le ténor David Lomelì. Son timbre solaire et profond et son expressivité fébrile modulée avec intelligence, le mettent à son aise dans Gounod comme dans Puccini. Pour mettre le feu aux poudres, le récital conclue sur une scène de La Bohème à en tirer son chapeau….

Une pléiade de talents à suivre.

Crédits photographiques : Leah Crocetto © Leah Crocetto; Sara Gartland, Leah Crocetto, Allen Perriello, Austin Kness, David Lomelì, Brian Jagde, Susannah Biller, Tamara Sanikidze, Ryan Belongie et Maya Lahyani © Temple Emmanu-El/SF