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Christian Tetzlaff l’enchanteur

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Paris. Salle Pleyel. 16-IV-2010. Karol Szymanowski (1882-1937) : Concerto pour violon n°1 op. 35. Joseph Suk (1874-1936) : Symphonie n°2 «Asraël» op. 27. Christian Tetzlaff, violon ; Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Jakub Hrůša

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L'un des atouts de l'Orchestre Philharmonique de Radio-France est sa programmation riche et variée. Outre qu'elle oblige les musiciens à ne pas s'enfermer dans un répertoire rebattu, ce qui leur impose de garder une spontanéité et une mobilisation sans faille devant les œuvres, elle nous permet de (re)découvrir des partitions peu jouées sur la scène.

Discret, n'est pas un violoniste tapageur en mal de publicité. Le triomphe qu'il a remporté dans le Concerto n°1 de Szymanowski est uniquement dû à ses magnifiques et authentiques qualités de musicien. Son jeu est exemplaire de simplicité, de finesse et d'inspiration. C'est tout en pureté qu'il traverse, avec une maîtrise inouïe du registre aigu de son instrument, le climat mystérieux et onirique de cette œuvre qu'il vient d'enregistrer avec Pierre Boulez et le Philharmonique de Vienne. «Les gens devraient venir à un concert pour entendre quelque chose de complètement différent» confie à un journaliste du New York Times. Il peut être rassuré, le public nombreux de la Salle Pleyel a goûté cette différence. Le Philharmonique de Radio-France complète l'enchantement de cette redoutable partition, alchimie de timbres, excellence des solistes, souplesse des échanges. La Melodia de la Sonate pour violon seul de Bartòk, donnée en bis, permet à d'atteindre des sommets dans l'expression nostalgique quasi immatérielle contenue dans cette page.

Une heure de musique attendait l'orchestre et Jakub Hrůša après l'entracte avec l'hallucinante Symphonie «Asraël» de Joseph Suk. Ecrite après la mort de Dvořák et celle de son épouse, Otilka Suk, fille du grand compositeur tchèque, par un Joseph Suk terrassé de douleur, cette gigantesque fresque symphonique nous plonge dans les maléfices d'Asraël, nom de l'ange de la mort dans certaines traditions hébraïques et dans l'Islam.

Sous l'impulsion flamboyante du jeune chef , l'Orchestre Philharmonique de Radio-France a montré ses immenses qualités dans cette partition qu'il interprétait pour la première fois. Certes, montée en cinq services, l'exécution semblait encore un peu fraîche et l'on pouvait imaginer ce que les musiciens auraient pu donner avec un chef pareillement engagé, tellement en osmose avec la partition et quelques répétitions supplémentaires. La musique était là, sans aucune faiblesse faite de puissance dramatique, d'affrontements des blocs sonores, de déchirements, d'espoirs et de lugubres thrènes. L'ovation faite au chef et aux musiciens permettait de distinguer le pupitre des vents, l'excellente violoniste solo , le merveilleux violoncelliste solo . Que les autres musiciens nous pardonnent, ils mériteraient d'être tous cités !

Crédit photographique : Christian Tetzlaff © Alexandra Vosding

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Paris. Salle Pleyel. 16-IV-2010. Karol Szymanowski (1882-1937) : Concerto pour violon n°1 op. 35. Joseph Suk (1874-1936) : Symphonie n°2 «Asraël» op. 27. Christian Tetzlaff, violon ; Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Jakub Hrůša

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