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Murray Perahia, voyage musical vers l’infini

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Paris, Salle Pleyel. 07-IV-2010. Johann Sebastian Bach (1685-1760) : Partita n° 6 en mi mineur BWV 830 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate pour piano n° 30 en mi majeur op. 109 ; Robert Schumann (1810-1856) : Scènes d’enfants op. 15 ; Frédéric Chopin : Etude en la bémol majeur op. 25 n°1 ; Trois Mazurkas op. 59 ; Scherzo n° 3 en ut dièse mineur op. 39. Murray Perahia, piano

, de par son interprétation méticuleuse ne laissant jamais rien au hasard, a une fois de plus prouvé qu'il est incontestablement l'un des sommités pianistiques de notre époque. Voici comment.

Il commence son récital par la Sixième Partita du Grand Bach. Depuis une Toccata jouée avec gravité mais aussi une incroyable légèreté, jusqu'à la Gigue finale interprétée avec une grande rigueur, toutes les pièces de cette suite sont une série d'étonnements et d'admiration, notamment la Courante, qui coule avec la fluidité d'une source intarissable, «swinguée» de manière très naturelle et presque inaperçue, et l'Air et la Sarabande, d'une liberté et d'une élégance exrêmes. Tout cela dans une sonorité claire, douce et ronde, mais jamais excessive. Suit l'opus 109 de Beethoven, une de ses trois dernières sonates. Le toucher de Perahia est infiniment délicat sur les arpèges du début du premier mouvement et le même motif sonne comme une initiation au domaine de l'infini, avant de passer au «Prestissimo» (deuxième mouvement) qu'il aborde non pas agressivement, mais avec une violence intérieure. Dans les thèmes et variations du dernier mouvement, l'auditeur est certes plongé dans le romantisme le plus profond mais en même temps, l'interprétation du maestro transporte Beethoven dans une dimension complètement atemporelle dépassant largement la notion même de romantisme.

La deuxième partie est consacrée aux deux compositeurs dont on célèbre cette année la bicentenaire de la naissance, Schumann et Chopin. Les Scènes d'enfants s'ouvrent avec Des Pays lointains à un tempo relativement rapide. L'interprétation des douze pièces suivantes pourrait être qualifiée de spirituelle ou philosophique, contrairement à des images que suggère leur titre. Dans Chopin, comme dans Beethoven d'ailleurs, le tempo est toujours modéré, sans précipitation due à un emportement enthousiaste, et par conséquent, sans trop de rubato affirmé. Tout se passe dans une simplicité exemplaire.

Perahia joue deux morceaux en bis, prolongeant sa vision de Chopin : la Nocturne en fa majeur (op. 15 n° 1) toujours dans une grande sobriété, et l'Etude en ut dièse mineur (op. 10 n° 4). Il est tout à fait étonnant qu'après un programme aussi intense exécuté avec une extrême concentration, il conserve encore la force de nous offrir cette Etude d'une virtuosité redoutable.

Crédit photographique : © 2008 Sony BMG Music Entertainment

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Paris, Salle Pleyel. 07-IV-2010. Johann Sebastian Bach (1685-1760) : Partita n° 6 en mi mineur BWV 830 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate pour piano n° 30 en mi majeur op. 109 ; Robert Schumann (1810-1856) : Scènes d’enfants op. 15 ; Frédéric Chopin : Etude en la bémol majeur op. 25 n°1 ; Trois Mazurkas op. 59 ; Scherzo n° 3 en ut dièse mineur op. 39. Murray Perahia, piano

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