Plus de détails
Paris. Théâtre des Bouffes du Nord. 29-III-2010. Müsenna, fêtes et divertissements à Istanbul au XVIIe siècle, en quatre tableaux, une introduction et un final, d’après divers récits et mémoires d’Ali Ufkî, Antoine Galland, Joseph Grelot, Jean Thévenot, Pietro della Valle, Thomas Dallam, marquis de Nointel et Evliya Celebi. Mise en scène et chorégraphie : Cécile Roussat et Julien Lubek. Décors : Élodie Monet. Costumes : David Messinger. Lumières : Benoît Fenayon. Avec : Chimène Seymen, chant ; Tolga Meric, chant. La Turchesca, direction : Françoise Enock ; Cevher-I Musiki, direction : Hakan Cevher ; direction artistique : Chimène Seymen.
Co-produit par La Saison de la Turquie en France et par le Festival de Sablé, ce divertissement a compilé, en un livret vif, des fragments empruntés à de nombreuses relations écrites par des voyageurs qui dépeignaient les quartiers d'Istanbul sur lesquels les souverains turcs et leur cour posaient leur forte empreinte.
Dans Müsenna, ne cherchons ni aspiration ethnologique ni volonté de décrire un exhaustif réel historique : sont ici relevées quelques pratiques sociales ou de cour du XVIIe siècle qui, assemblées, forment un de ces effervescents exotismes avec lesquels les occidentaux ont rêvé et rêvent encore l'Orient.
Le travail scénique conçu par Cécile Roussat et Julien Lubek est plus que savoureux. Fait avec de modestes moyens (ce spectacle est conçu pour le nomadisme), il combine le théâtre, la danse et l'acrobatie. Le rythme dramaturgique général est soutenu et alterne, intelligemment, les moments agiles et des passages rêveurs. Son fil conducteur est un narrateur que, en une déclamation française restituée d'après les traités du XVIIe siècle, Julien Lubek joue avec une communicante malice, tout en ne se départissant jamais d'une naturelle élégance. Parmi les nombreuses régalades offertes par Müsenna, citons-en deux : un (trop bref : quatre scènes qui font désirer le reste) extrait du Cocu magnifique de Molière ; et un usage facétieux d'effigies bicéphales géantes qui, avec des têtes sur-dimensionnées par rapport à la partie inférieure du corps (comme les miroirs déformants au Jardin d'acclimatation !), évoluent avec une légèreté presque en apesanteur. Saluons des costumes qui reprennent la chatoyante palette de couleurs qu'on trouve dans les miniatures du temps, ainsi que des décors qui, pour être légers et mobiles, n'en sont pas moins efficaces et évocateurs. Et tout cela, «sans rien en lui qui pèse ou qui pose», pour citer à Verlaine !
Disons tout de même que ce travail scénique de Müsenna n'atteint pas à l'impalpable onirisme du spectacle La Belle et la Bête, d'après l'opéra-comique Zémire & Azor de Grétry, que le même duo Roussat – Lubek, avec sa compagnie Le Shlemil Théâtre, avait créé, en octobre 2009 dans le cadre de l'Automne musical produit par le Centre de musique baroque de Versailles. Et pour deux motifs : le sujet de La Belle et la Bête s'y prêtait assurément davantage ; et surtout, la dense musique alors rassemblée avait été autrement stimulante, alors que les pages musicales ici proposées sont plus de simples et réjouissants prétextes à danser que des œuvres denses et consistantes.
Ne taisons surtout pas la qualité et l'engagement des deux ensembles musicaux, aussi colorés que manifestement ravis de s'associer à une si talentueuse réalisation théâtrale.
Crédit photographique : © Gautier Pallancher
Plus de détails
Paris. Théâtre des Bouffes du Nord. 29-III-2010. Müsenna, fêtes et divertissements à Istanbul au XVIIe siècle, en quatre tableaux, une introduction et un final, d’après divers récits et mémoires d’Ali Ufkî, Antoine Galland, Joseph Grelot, Jean Thévenot, Pietro della Valle, Thomas Dallam, marquis de Nointel et Evliya Celebi. Mise en scène et chorégraphie : Cécile Roussat et Julien Lubek. Décors : Élodie Monet. Costumes : David Messinger. Lumières : Benoît Fenayon. Avec : Chimène Seymen, chant ; Tolga Meric, chant. La Turchesca, direction : Françoise Enock ; Cevher-I Musiki, direction : Hakan Cevher ; direction artistique : Chimène Seymen.