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Bruxelles. Théâtre Royal de La Monnaie. 24-III-2010. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Idomeneo, Re di Creta, dramma per musica en trois actes sur un livret de Giambattisa Varesco. Mise en scène : Ivo van Hove ; scénographie et éclairages : Jan Verweyveld ; costumes : Lies van Aasche ; vidéo : Tal Yarden. Avec : Tom Randle, Idomeneo ; Malena Ernman, Idamante ; Simona Šaturová, Ilia ; Alexandrina Pendatchanska, Elettra ; Kenneth Tarver, Arbace ; Nigel Robson, Gran Sacerdote di Nettuno ; Peteris Eglitis, La Voce. Chœur de La Monnaie, direction : Winfried Maczewski ; Orchestre symphonique de La Monnaie, direction : Jérémie Rhorer

Avec cette production d'Idomeneo, l'homme de théâtre flamand effectue ses débuts attendus sur la scène de La Monnaie.

Pour ceux qui suivent le travail du scénographe depuis de nombreuses années, il reste fidèle à une approche qui poursuit une réflexion intéressante sur la portée actuelle des œuvres du répertoire. Cette vision dérangeante et fascinante culminait dans un Ring présenté à l'opéra d'Anvers et Gand et des Tragédies romaines de Shakespeare montées avec son Toneelgrœp d'Amsterdam.

Pour son premier, Mozart, nous replonge dans notre triste (et banal) contemporain : Idoménée est un président plongé dans un conflit contre les terroristes, la population est victime de violences aveugles ; le tout sur fond d'Al Qaida, d'Abou Ghraib, d'ordinateurs Apple, de ceintures d'explosifs et de conférences de presse…Ce n'est plus les mythes de l'Antiquité, mais tout CNN et Euronews qui défilent sur la scène de La Monnaie.

Si l'on salue la force et la cohésion des réalisations d', il faut reconnaître que cette approche de l'opéra de Mozart est triplement problématique : tout d'abord, versés dans notre sordide contemporain, les personnages perdent une épaisseur mythologique car ils sont ravalés au simple rang de président, de conseiller ou de soldats. De plus, si l'actualisation radicale donnait un sens à l'histoire du Ring de Wagner, elle enfonce ici les portes ouvertes et les effets faciles (pas toujours du meilleur goût avec une vidéo montrant le retour des cercueils de soldats tombés au front). Enfin, comme tout scénographe, Van Hove possède «sa marque» et à force d'être répétée sonne comme une énième redite. Donc, du côté scénique, sans s'avérer dénué d'arguments solides, ce travail peine, cette fois, à nous toucher. Par ailleurs, la direction d'acteur, si souvent brillante chez van Hove, est ici plus stéréotypée et conventionnelle.

Dans la fosse, le jeune , très apprécié, à La Monnaie déçoit et rate son Mozart, passant à côté de la partition dans de trop larges proportions. Sa direction rapide, s'avère brutale et surtout bruyante. L'orchestre de La Monnaie sonne avec raideur sous une battue dénuée de tout sens de la respiration, de subtilité et surtout d'intelligence théâtrale. Certes, il existe une fenêtre de tir, pour Mozart «sans graisse» (comprendre un peu vert et sec), mais ce déluge revêche ennuie tout au long des actes par son absence de contrastes et de force dramatique. Plus problématique, la fosse couvre, trop souvent, les chanteurs.

Assez jeune vocalement pour assurer un tel rôle, assure avec vaillance le difficile rôle titre, même s'il semble souffrir de la rapidité et de sa sécheresse de la direction. Gageons qu'avec le temps et encadré par un chef inspiré, il s'imposera comme un grand Idoménée. Très connue à La Monnaie, semble être faîte pour le rôle d'Idamante dont elle possède le charisme vocal et dramatique. Le rôle d'Elletra, toujours difficile, car limité à trois airs espacés dans le temps, connaît en Alexandrina Pendatschanska, une interprète théâtralement probante, mais vocalement un peu juste. Il n'y a rien à redire de l'Arbace toujours fin et musical, du toujours excellent . Remplaçante de dernière minute, vise plus la solidité que l'exploit vocal, on ne saurait l'en blâmer.

Crédit photographique : (Idomeneo) ; Simona Saturova (Ilia) © Bernd Uhlig

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Bruxelles. Théâtre Royal de La Monnaie. 24-III-2010. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Idomeneo, Re di Creta, dramma per musica en trois actes sur un livret de Giambattisa Varesco. Mise en scène : Ivo van Hove ; scénographie et éclairages : Jan Verweyveld ; costumes : Lies van Aasche ; vidéo : Tal Yarden. Avec : Tom Randle, Idomeneo ; Malena Ernman, Idamante ; Simona Šaturová, Ilia ; Alexandrina Pendatchanska, Elettra ; Kenneth Tarver, Arbace ; Nigel Robson, Gran Sacerdote di Nettuno ; Peteris Eglitis, La Voce. Chœur de La Monnaie, direction : Winfried Maczewski ; Orchestre symphonique de La Monnaie, direction : Jérémie Rhorer

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