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Paris, Théâtre des bouffes du nord. 22-III-2010. Johann Jakob Froberger (1616-1667) : Toccata III en sol majeur ; Canzona II en sol mineur ; Cappricio VI en sol majeur ; Toccata XXI en ré majeur ; Ricercare V en sol mineur ; Méditation sur ma mort future ; Suite en ut mineur ; Suite en ut majeur ; Tombeau de Monsieur Blancrocher ; Suite en la mineur ; Lamentation sur la mort de Ferdinand III. Gustav Leonhardt, clavecin
Véritable maestro en matière d'art du clavier, pionnier du renouveau de la musique baroque au XXe siècle, Gustav Leonhardt a dédié ce soir son récital à Johann Jakob Froberger, compositeur de la première ère du baroque allemand, que notre musicien a considérablement contribué à faire redécouvrir.
Il se partage entre deux instruments : pour la première moitié du récital sans entracte, une copie d'un clavecin de l'école italienne fabriquée au Royaume-Uni en 1989 et pour la dernière moitié, une copie d'un clavecin allemand de l'école Gottfried Silbermann (c. 1740), réalisée à Paris. Le premier instrument à un seul clavier, d'une taille plus modeste et au son plus intimiste que l'autre, se prête à un «monologue» comme Toccata ou Cappricio, tandis que le second, doté de deux claviers, aux sons et nuances très variés, convient parfaitement pour exprimer les différents caractères proposés dans une Suite. Un choix plus que convaincant de la part de l'interprète, qui connaît sur le bout des doigts tout le répertoire du compositeur.
Bien qu'octogénaire – il est né en 1928 –, Leonhardt fait la démonstration d'un jeu tour à tour étonnamment vivace, généreux ou palpitant. Difficile d'imaginer son exécution débordante de jeunesse, quand on voit sa façon de jouer, presque stoïque : seuls les doigts bougent. Ce qui donne une certaine impression de détachement vis-à-vis de chaque morceau. En dépit de cela, tout est subtil dans son interprétation. Ainsi, lorsque la progression harmonique prend une tournure assez inattendue, un peu comme dans la musique de la renaissance (rappelons que Froberger fut élève de Frescobaldi à Rome), Leonhardt accentue l'effet, mais d'une manière si délicate – avec un très léger prolongement de note par exemple – que cela pourrait passer presque inaperçu. Il n'avance pas un changement radical de couleur selon les pièces en actionnant différents jeux de registre, mais juste un petit changement de timbre sur les deux claviers, comme s'il faisait une confidence au compositeur sur le clavier.
En bis, le Prélude à l'imitation de M. Froberger de Louis Couperin. Impressionné par l'art du musicien allemand, le Français a procédé à une écriture en notes rondes et sans mesure, en imitant certaines partitions de Froberger. Leonhardt annonce avant de l'interpréter : «voici comment jouer les notes rondes». Et son exécution est un condensé de son art.
Crédit photographique : © DR
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Paris, Théâtre des bouffes du nord. 22-III-2010. Johann Jakob Froberger (1616-1667) : Toccata III en sol majeur ; Canzona II en sol mineur ; Cappricio VI en sol majeur ; Toccata XXI en ré majeur ; Ricercare V en sol mineur ; Méditation sur ma mort future ; Suite en ut mineur ; Suite en ut majeur ; Tombeau de Monsieur Blancrocher ; Suite en la mineur ; Lamentation sur la mort de Ferdinand III. Gustav Leonhardt, clavecin