Valery Gergiev, artiste et homme moderne
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Réalisation : Allan Miller. 1 DVD BelAir BAC053, code barre 3 760115300538. Sous-titrage en anglais, allemand, français, japonais, russe et espagnol. NTSC 16/9, son PCM Stéreo, Dolby Digital 5. 1. Zone 0. Notice en anglais. Durée : 156’
Bel Air ClassiquesS'il est un chef connu pour être un des plus actifs et occupés de la planète musicale contemporaine, avec des postes clés à St Petersburg, Londres, et New York pour ne citer que les plus importants, c'est bien Valery Gergiev. Et c'est justement ce que nous montre ce copieux documentaire, plus centré sur l'homme et l'artiste, voire le citoyen, que sur le chef d'orchestre proprement dit. Bien sûr la musique n'est pas absente, et de façon assez classique, les diverses interviews ou captations de scènes «live» sont parsemées d'extraits musicaux, en général assez courts. Il n'y a d'ailleurs qu'une seule œuvre exécutée dans son entier, visible dans les «Extras» du DVD (La Grande Pâque russe Op. 36 de Rimski-Korsakov), et en dehors de cette pièce, les extraits les plus consistants, qui reviennent d'ailleurs en fil rouge, sont les répétitions et l'exécution du Sacre du Printemps avec le LSO.
Si la forme de ce film est on ne peut plus classique et ne risque pas de lui rapporter d'Oscar ou autre César de l'originalité, reconnaissons que le contenu mérite intérêt et que l'ensemble des facettes et activités du personnage sont assez bien traitées. Sans jamais vouloir être didactique tout en essayant de conserver un aspect objectif et documentaire, évitant à la fois excessive froideur et pathos, le réalisateur a réussi à capter l'essentiel et même plus de la complexité d'un personnage aussi multiple que peut l'être notre chef, qui se montre aussi efficacement «chef d'entreprises» (au pluriel !) que chef d'orchestres (tout aussi pluriel !), à l'instar d'un Karajan jadis. Comme on peut s'y attendre, le réalisateur ne suit pas forcément l'ordre chronologique, ni n'essaye d'être exhaustif. Il suit le chef là où le conduisent ses activités, et si quelques images d'un Gergiev plus jeune viennent illustrer ici où là le propos, l'essentiel du contenu est récent et filmé sans doute sur quelques mois.
C'est ainsi qu'on peut voir Gergiev au pupitre à St Petersburg, Moscou, Londres, New York mais aussi en tournée en Russie jusqu'aux montagnes du Caucase, dans son Ossétie natale, occasion d'évoquer sa jeunesse où sa prédisposition à devenir chef a vite été découverte, mais aussi occasion de revenir sur les sanglants événements de 2008 qui ne l'ont pas laissé sans réaction. L'homme d'action, le «manager» au sens le plus actuel du terme, est plus d'une fois illustré, montrant un décideur allant toujours de l'avant dans une calme efficacité. Et au réseau de relations étendu et haut placé, en particulier dans son pays, la Russie de Poutine, sur lequel il porte un regard lucide et dépassionné, éloigné de nos visions d'occidentaux, et de fait instructif. Enfin l'homme, le père de famille, apparaît dans une courte séquence tournée dans sa résidence de St Petersburg, avec sa discrète jeune femme et ses trois enfants, Gergiev avouant, ce qui ne peut surprendre, que le «point négatif dans son esprit et son cœur» (dit-il en anglais) est bien sûr le trop peu de temps qu'il arrive à consacrer à sa famille.
L'art du chef d'orchestre est un peu moins creusé, même si certains de ses traits caractéristiques sont évoqués par les musiciens qui ont travaillé avec lui, dans l'orchestre ou comme solistes concertants ou lyriques. Beaucoup d'admiration dans leur témoignage, et même une amusante séquence où la belle Anna Netrebko ne peut s'empêcher, malgré la présence de caméra, de finir par une réaction spontanée de groupie.
Intitulé «You cannot start without me», astucieusement extrait d'une des toutes premières séquences où Gergiev prouve à un apprenti chef que parfois l'orchestre n'a pas besoin de l'agitation du chef, laissant alors les musiciens jouer seuls, jusqu'au moment fatidique où, avec un sourire jouissif, il montre à son élève que là, l'orchestre ne peut plus avancer seul, ce film assez complet, intelligent et intéressant, montre peut-être que ce titre n'est pas si innocent et anecdotique que ça, et pourrait finalement s'appliquer à bien des activités du chef, car que serait St Petersburg et le Mariinsky sans lui, ou le Festival de Pâques de Moscou, ou … etc…
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Réalisation : Allan Miller. 1 DVD BelAir BAC053, code barre 3 760115300538. Sous-titrage en anglais, allemand, français, japonais, russe et espagnol. NTSC 16/9, son PCM Stéreo, Dolby Digital 5. 1. Zone 0. Notice en anglais. Durée : 156’
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