Concerts, La Scène, Musique symphonique

Relecture radicale par Jos van Immerseel

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Bruges. Concertgebouw. 03-III-2010. Paul Dukas (1865-1935) : Fanfare pour précéder la Péri ; L’Apprenti sorcier ; Gabriel Fauré (1845-1924) : Pelléas et Mélisande, suite op. 80  ; Elegie op. 24 ; Maurice Ravel (1875-1937) : Don Quichotte à Dulcinée ; César Franck (1822-1890) : Symphonie en ré mineur. Thomas Bauer, baryton ; Sergei Istomin, violoncelle ; Anima Eterna Bruges, direction : Jos van Immerseel.

Capitale Culturelle de l'Europe en 2002, Bruges s'est équipée à cette occasion d'une infrastructure culturelle dernier cri, le Concertgebouw, qui programme de la musique, de la danse et du théâtre. Elle accueille notamment en résidence depuis 2003 la formation de , qui s'appelle depuis quelques mois Brugge (Bruges), du fait de l'installation de ses locaux dans la»Venise du Nord». L'orchestre est d'ailleurs sur tous les fronts actuellement avec la sortie chez Zig Zag Territoires d'une version controversée de la Symphonie Fantastique de Berlioz, d'un disque promotionnel (enregistré par la chaîne de radio Klara) largement diffusé et se lance à présent dans une série de DVDs publiés par EPR-Classic.

Après avoir participé au renouvellement de l'interprétation, des habitudes d'écoute du répertoire baroque et classique, s'attaque depuis quelque temps au répertoire romantique et de la première moitié du XXe siècle. Il proposait donc un programme de musique française (1888-1933) intitulé «Paris» avec toujours cette démarche critique sur la partition, le choix des instruments en fonction du répertoire abordé, des conditions de sa création.

Les lents accords solennels de la Fanfare pour précéder la Péri de Dukas permettent au pupitre de cuivres (cors, trompettes, trombones, tuba) de s'illustrer particulièrement. L'orchestre proposait ensuite les quatre pièces de Pelléas et Mélisande que Fauré a tirées de sa musique de scène. La disposition d' au complet est particulière pour les cordes : de gauche à droite les violons, les violoncelles, les altos, les contrebasses étant derrière les violons, la harpe devant le premier violon. Outre le fait que les cordes sont en boyau, c'est l'effectif très réduit et l'absence de vibrato qui surprend mais l'option «de chambre» fonctionne plutôt bien dans cette musique sombre et souvent tragique (ce que confirme l'Elegie avec Sergei Istomin, violoncelliste de l'orchestre qui tient la partie de soliste). On apprécie la couleur du pupitre des bois, un son chaud, et les interventions d'instruments solistes, hautbois (La Fileuse) et flûte (Sicilienne) en particulier. Dans Don Quichotte à Dulcinée, chansons sur des textes de Paul Morand et dernière œuvre de Ravel, la voix du baryton Thomas E. Bauer n'est pas très puissante, la prononciation peu compréhensible mais le chanteur compense par sa présence scénique. Ultime pièce au programme de cette première partie, L'Apprenti sorcier, brillant poème symphonique de Dukas que dirige avec finesse.

En seconde partie, , belge naturalisé français, et sa célèbre Symphonie. Le Concertgebouw de Bruges n'étant pas vraiment comparable par son architecture, sa jauge, à la salle de l'ancien Conservatoire de Paris (lieu de la création), la maigreur (6-6-5-4-3), l'aigreur, l'absence de vibrato des cordes deviennent plus problématiques. Le déséquilibre avec les vents déconcerte dans cette œuvre où Franck, par la superposition des thèmes, la forme cyclique, n'a pas pu ne pas penser à l'orgue. L'architecture reste solide, le solo de cor anglais dans le deuxième mouvement est fort beau, mais cette volonté de gommer l'influence de Liszt et Wagner déçoit.

Crédit photographique : Jos van Immerseel © Thomas Vanhaute

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Bruges. Concertgebouw. 03-III-2010. Paul Dukas (1865-1935) : Fanfare pour précéder la Péri ; L’Apprenti sorcier ; Gabriel Fauré (1845-1924) : Pelléas et Mélisande, suite op. 80  ; Elegie op. 24 ; Maurice Ravel (1875-1937) : Don Quichotte à Dulcinée ; César Franck (1822-1890) : Symphonie en ré mineur. Thomas Bauer, baryton ; Sergei Istomin, violoncelle ; Anima Eterna Bruges, direction : Jos van Immerseel.

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