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Massy. Opéra de Massy. 06-II-2010. Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : Amadis, tragédie lyrique en 1 prologue et 5 actes, sur livret de Philippe Quinault. Mise en scène : Olivier Bénézech. Chorégraphie : Françoise Denieau. Scénographie : Gilles Papain et Olivier Bénézech. Images : Gilles Papain et Marie Jumelin. Costumes : Frédéric Olivier. Lumières : Philippe Grosperrin. Avec : Cyril Auvity, Amadis ; Katia Velletaz, Oriane ; Alain Buet, Arcalaüs ; Isabelle Druet, Arcabonne ; Dagmar Saskova, Corisande ; Edwin Crossley-Mercer, Florestan ; Arnaud Richard, Alquif / Ardan-Canile ; Hjordis Thebault, Urgande. Ballet de l’Opéra d’Avignon. Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles. Orchestre des musiques anciennes et à venir, direction : Olivier Schneebeli.
Depuis plusieurs années, Olivier Schneebeli rêvait d'Amadis et il avait bien raison car cette tragédie lyrique est singulière.
Les héros, passifs et presque défaits, ne sont sauvés que par un sortilège, tandis que l'action est conduite par la fratrie de magiciens Arcabonne – Arcalaüs ; l'atmosphère y est uniment mélancolique et angoissante (et pas seulement le funeste acte III) ; enfin, Lully y abandonne son ancienne vêture de producteur de spectacles, et y atteint, pour la première fois, à une plénitude compositionnelle où les formes et genres qu'il convoque sont fondus en un unitaire flux créateur. À notre sens, Amadis est la plus achevée des lullistes tragédies lyriques.
Et c'est avec ce trésor qu'Olivier Schneebeli souhaitait faire ses débuts dans une fosse d'opéra. Là encore, il avait raison car il se révèle en chef lyrique : sa profonde vision poétique ne l'a pas dispensé de veiller à l'équilibre entre la scène et la fosse, non plus que d'être un précis et constant soutien des chanteurs. Mais, par-dessus tout, il possède cette vitalité rythmique qui lui permet de dicter son pouls à toute la représentation et à avoir toujours cette infinitésimale anticipation sur le mètre qui crée la tension dramaturgique.
Quant à la distribution vocale, nous en confirmons également la très haute tenue (sans oublier une claire élocution française qui dispense de lire les sous-titres). Nous y distinguerons toutefois le fraternel duo magique : sans aucune outrance vocale (ni chant poitriné ni forçage rhétorique ou expressif) et avec une rare élégance, Isabelle Druet (Arcabonne) met, au service d'un personnage complexe, sa longue tessiture et sa riche palette de couleurs ; puis, en Arcalaüs, Alain Buet montre qu'il poursuit la grande histoire du baryton-basse noble «à la française» (à la Ernest Blanc), tant sobriété y rime avec efficacité, et tant pureté stylistique et vaste palette de couleurs comme d'articulations y impliquent l'essence de l'expressivité. Du grand théâtre. À ce duo, ajoutons Edwin Crossley-Mercer, tout d'élégance et de fine musicalité.
Au bilan, une envoûtante forêt de sonorités enrichit notre mémoire, pourtant sélective, de spectateur …
Crédit photographique : Isabelle Druet (Arcabonne) © Opéra de Massy
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Massy. Opéra de Massy. 06-II-2010. Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : Amadis, tragédie lyrique en 1 prologue et 5 actes, sur livret de Philippe Quinault. Mise en scène : Olivier Bénézech. Chorégraphie : Françoise Denieau. Scénographie : Gilles Papain et Olivier Bénézech. Images : Gilles Papain et Marie Jumelin. Costumes : Frédéric Olivier. Lumières : Philippe Grosperrin. Avec : Cyril Auvity, Amadis ; Katia Velletaz, Oriane ; Alain Buet, Arcalaüs ; Isabelle Druet, Arcabonne ; Dagmar Saskova, Corisande ; Edwin Crossley-Mercer, Florestan ; Arnaud Richard, Alquif / Ardan-Canile ; Hjordis Thebault, Urgande. Ballet de l’Opéra d’Avignon. Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles. Orchestre des musiques anciennes et à venir, direction : Olivier Schneebeli.