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Paris, Salle Gaveau. 04-II-2010. Antonio Vivaldi (1678-1741). Concerto en sol mineur op. 3 n° 2 RV 578 (extrait de « L’Estro armonico ») ; Stabat mater en fa mineur RV 621 ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Concerto grosso en fa majeur op. 3 n° 4 HWV 315 ; airs extraits de Rinaldo, Amadigi di Gaula, Rodelinda. Nathalie Stutzmann contralto et direction, Orfeo 55.
«Tous ces Vivaldi que j'ai énormément chantés étant jeune et qu'on n'a jamais voulu me confier ensuite quand j'ai commencé à aborder Mahler, j'ai envie de les faire comme j'ai toujours eu envie de les faire, avec une pensée musicale propre.» Voilà ce que Nathalie Stutzmann confiait à Resmusica, dans un récent entretien, à propos de l'ensemble qu'elle venait de créer, et dont la salle Gaveau vient d'accueillir la première prestation parisienne. Sur instruments anciens, Orfeo 55 propose un jeu «informé», d'un haut niveau technique et d'un style qu'on pourrait dire tempéré. Point de ces extravagances qu'on associe fréquemment aujourd'hui à Vivaldi, mais point de banalités non plus : phrasé avec une heureuse imagination, le Concerto en sol mineur conjugue énergie et grâce souriante. Le Concerto grosso en fa majeur de Haendel est à l'image de la direction de Nathalie Stutzmann, d'une élégance nette et déliée, notamment dans les rythmes «à la française» de l'Ouverture. Si l'on y ajoute des couleurs agréables et pleines, relevées par la présence d'un théorbe, il faut reconnaître à cet ensemble des qualités déjà bien affirmées.
Dans les pièces vocales, on comprend vite que Nathalie Stutzmann n'a pas seulement voulu offrir un écrin à son timbre hors du commun, et au chant sévère et fouillé qui n'appartient qu'à elle. Elle fait le pari de diriger aussi quand elle chante, et même de diriger véritablement par son chant, la voix dessinant aux instrumentistes la ligne à suivre : l'expérience semble vouloir se situer à mi-chemin entre le chant accompagné et le jeu collectif d'un ensemble. Cela ne réussit pas toujours dans le Stabat mater : l'éloquence est puissante, mais tous les mouvements n'ont pas le tendre naturel qui réussit merveilleusement dans «O quam tristis». Dans les airs de Haendel, en revanche, les ritournelles prennent tout leur sens dramatique, en réponse à un chant plus librement déployé, dans le poignant «Cara sposa» comme dans l'agilité de Rodelinda. En fin de compte, par delà les beautés musicales, la plus grande satisfaction de la soirée vient certainement de ce qu'Orfeo 55 montre une spontanéité et une fraîcheur que beaucoup d'ensembles plus rodés ont perdues. On souhaite à cette belle équipe de conserver un tel enthousiasme au cours de ses prochaines aventures.
Crédit photographique : Nathalie Stutzmann © J. F. Leclercq
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Paris, Salle Gaveau. 04-II-2010. Antonio Vivaldi (1678-1741). Concerto en sol mineur op. 3 n° 2 RV 578 (extrait de « L’Estro armonico ») ; Stabat mater en fa mineur RV 621 ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Concerto grosso en fa majeur op. 3 n° 4 HWV 315 ; airs extraits de Rinaldo, Amadigi di Gaula, Rodelinda. Nathalie Stutzmann contralto et direction, Orfeo 55.