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Paris, Cité de la musique. 23-I-2010. Bruno Mantovani (né en 1974) : Le sette chiese pour ensemble instrumental ; Pierre Boulez (né en 1925) : Rituel in memoriam Bruno Maderna pour orchestre en huit groupes. Ensemble Intercontemporain, Orchestre du CNSMD de Paris, direction : Pascal Rophé

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Ce n'est pas la première fois que le toujours jeune compositeur (à peine 35 ans !) tient le haut de l'affiche au côté de son aîné dont la musique était jouée ce soir par la génération émergente du Conservatoire Supérieur de Paris encadrée par les solistes de l'Intercontemporain.

Ces derniers assuraient seuls la première partie du concert avec Le sette chiese de Mantovani, une pièce désormais inscrite à leur répertoire, qu'ils ont gravée en 2008 sous le label Kairos, et que dirigeait ce soir avec l'exigence et la précision qui le caractérisent. Cette œuvre de grande envergure – près de quarante minutes – met à l'œuvre tous les ressorts de l'imagination sonore du compositeur subjugué par la beauté de l'édifice architectural que composent les sept églises bolognaises. Passé le temps d'adaptation à l'acoustique de la salle des concerts et à la distribution singulière de l'ensemble instrumental, l'écoute est progressivement happée par le raffinement microtonal des complexes sonores et l'alchimie étrange des timbres. La première partie culmine avec la Basilique du Sépulcre (dédié à Hervé Boutry), un espace baigné d'obscurité et de mystère cerné par le jeu antiphonique des deux pianos et traversé de traits de «lumière» fulgurants. La seconde partie, incluant des dédicaces à Olivier Messiaen et Jonathan Nott, renouvelle les configurations sonores avec la même force de suggestion qui confine à l'envoûtement dans Le cloître où le mouvement de rotation des timbres fait naître un superbe kaléidoscope sonore. Saisissantes enfin, ces colonnes de son irradiantes – La chapelle du bandeau – qui ponctuent la visite et nous immergent dans l'aura résonnante de ce somptueux édifice sonore.

En seconde partie, les huit groupes instrumentaux de Rituel in memoriam Bruno Maderna occupent tout l'espace de la salle des concerts. Frontaux et mis en vedette, les quatorze cuivres et les deux rangées de sept gongs suspendus figurent une sorte de «retable» doré dominant la «nef» sonore. Un seul chef au centre du dispositif – y déploie toute son énergie et la force de conviction de son geste – pour arbitrer l'ensemble qui fonctionne partiellement en autonomie grâce au «leader» du groupe (les solistes de l'Intercontemporain) et à son percussionniste assurant la régularité du tempo. A plus d'un titre donc, Rituel est une œuvre à part dans le catalogue de  ; par la mise en scène d'un «cérémonial» collectif qui semble inclure l'auditeur et par la force émotionnelle que dégage cette musique litanique et obsessionnelle tenue par une note et un accord unique.

Si la sonorité manque parfois d'homogénéité d'un groupe à l'autre – celle des percussions/pulsations n'est guère directionnelle – les jeunes interprètes ne déméritent pas et parvient à maintenir la tension de l'écoute stimulée par la prestation spectaculaire des deux percussionnistes solistes Gilles Durot et Samuel Favre domptant avec souplesse et profondeur la sonorité d'énormes gongs qui viennent rehausser ce rituel funèbre de l'éclat sombre du métal.

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