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Un inédit d’Arturo Benedetti Michelangeli

a dix-neuf ans quand il remporte le premier prix à l'unanimité du jury du Concours d'Exécution Musicale de Genève en 1939. Deux ans plus tard, il enregistre son « premier » Concerto de Schumann, une œuvre qu'il transportera dans son bagage pendant cinquante ans. Un séjour parisien qui le voit au sommet de son art mais aussi souvent controversé par les nombreuses annulations de dernière minute de ses concerts.

Mais, en ce mois d'octobre 1984, Michelangeli sera bien présent aux deux concerts prévus à la Salle Pleyel où, en compagnie de l', il joue un extraordinaire Concerto de Schumann sous la direction de Daniel Barenboïm. D'emblée, on est envahi par un formidable sentiment de respect mutuel entre le chef et le soliste. Si le premier accord orchestral semble d'une lourdeur excessive, le déroulement qui s'enchaîne fait ressortir une complicité étonnante entre les deux compères. Nuances d'un orchestre superbement attentif à la baguette d'un admiratif au toucher unique d'. Ce document jamais encore édité montre avec quelle totale cohérence le pianiste aborde l'œuvre concertante de Schumann. Aucune volonté de briller au-delà de l'expression musicale, ni de vouloir tirer la couverture à soi. Un piano d'une grande pureté, d'une belle simplicité et d'une parfaite mise en place. A noter la remarquable cadence du premier mouvement qui s'inscrit dans une ligne mélodique et rythmique parfaitement en accord avec l'orchestre. Comme une symphonie ininterrompue.

Deux ans auparavant, profitant d'un passage au Grand Echiquier de Jacques Chancel où il joue un extraordinaire Concerto en Sol majeur de Ravel, (accompagné de ses deux pianos et de son accordeur personnel) se rend dans les studios parisiens de la Butte-Chaumont où il grave les Images de . Un enregistrement, lui aussi, jusqu'ici resté étonnamment inédit. Peut-être pour ne pas faire doublon avec l'enregistrement de cette même œuvre que Michelangeli avait offert dix ans plus tôt. Dans cette version, le toucher du pianiste émerveille. Quelle extraordinaire façon d'attaquer une même phrase musicale en legato ou en staccato selon le discours musical qu'on veut faire passer ! Un moment de génie interprétatif comme seul Arturo Benedetti Michelangeli savait donner.

Dans ces enregistrements inédits Arturo Benedetti Michelangeli, en musicien de génie, offre une leçon d'humilité dont bien des pianistes actuels feraient bien de s'inspirer.

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