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Paris, Théâtre des Bouffe du nord. 07-XII-2009. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Prélude et Fugue en ré mineur K405-4 ; Prélude et Fugue en mi bémol majeur K405-2. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : « La Malinconia », extrait du Quatuor à cordes en mi majeur op. 18 n°6 ; Grande Fugue op. 133 ; Àngel Villoldo (1861-1919) : El Choclo pour violoncelle et piano ; Astor Piazzolla (1921-1992) : Canto y Fuga pour violoncelle et piano ; Soledad pour violoncelle et piano ; Primavera porteña ; Suite del Àngel (arrangement pour quatuor à cordes de Eckart Runge) ; Concierto para quinteto (arrangement pour quintette avec piano de Eckart Runge et Jacques Ammon). Quatuor Artemis : Natalia Prishepenko, Gregor Sigl, violons ; Friedemann Weigle, alto ; Eckart Runge, violoncelle. Jacques Ammon, piano
Le Quatuor Artemis, l'une des formations les plus actives de musique de chambre sur la scène internationale actuelle, est également l'une des plus audacieuses. Fidèles à leur originalité, les quatre musiciens proposaient ce soir-là, avec le pianiste chilien Jacques Ammon, un programme éclectique mais très cohérent. Il rendait hommage à Astor Piazzolla, sous le double thème de la fugue et du tango.
Tout au long du concert, le violoncelliste Eckart Runge a montré ses talents d'orateur en introduisant chaque œuvre par de petites anecdotes, ce qui aidait l'auditeur à mieux appréhender la pièce et a ainsi contribué sans nul doute au grand succès de la soirée.
Le récital commence par quelques Mozart. Mais pas n'importe lesquels. Il s'agit de transcriptions de Préludes et Fugues extraits du Clavier bien tempéré de Bach, arrangements que l'on a rarement occasion d'entendre. Ils sont immédiatement suivis de deux pièces de Piazzolla, Canto y Fuga et Soledad pour violoncelle et piano. Eckart Runge explique qu'à Piazzolla qui voulait devenir compositeur de musique classique et se détourner du tango, son mentor Alberto Ginastera (1916-1983) conseilla d'étudier Bach ; plus tard, en France, Nadia Boulanger (1887-1979) l'exhorta à puiser de l'inspiration dans sa musique d'origine. Aussi la fugue marqua-t-elle à jamais l'esprit de Piazzolla dans ses compositions de tango. Voilà une transition naturelle vers Beethoven, notamment la « Grande Fugue » op. 133, « œuvre extrêmement moderne, à la fois recherchée et libre, tout comme le tango » selon Runge. La deuxième partie est presque entièrement consacrée à Piazzolla, toujours en rapport avec la fugue. D'autant qu'à la fin du concert, les musiciens interprètent comme bis la célèbre Fuga y Mysterio.
Les œuvres initialement écrites pour un orchestre ou un quintette de tango, jouées ce soir, ont été toutes arrangées par Eckart Runge et Jacques Ammon pour diverses formations à cordes et piano. Ainsi, Concierto para quinteto, composé pour le « Quinteto Nuevo Tango » de Piazzolla, avec bandonéon, violon, guitare, contrebasse et piano, a été transcrit pour un quintette avec piano, permettant d'exploiter au mieux la variété sonore et les possibilités techniques des instruments concernés : utilisation des cordes au-dessous du chevalet, glissando rapide et strident, frappe sur la caisse… Dans Soledad, le violoncelle « sanglote », avec un son rauque et retenu, complètement dépourvu de vibrato, tandis que certaines mélodies de Suite del Àngel exigent une délicatesse infinie. Le changement de place entre les deux violons et l'alto en fonction des pièces est certainement le fruit d'une recherche approfondie sur différents effets sonores.
Le pianiste Jacques Ammon, vainqueur du concours international Claudio Arrau (1989), excelle aussi bien dans le répertoire classique que le jazz et le tango. Avec Eckart Runge il mène le « Celloproject » destiné à arranger et interpréter diverses musiques de jazz, de tango et de film ; leur nouveau disque « The Piazzolla Project » avec le quatuor Artemis, reprenant une grande partie du programme de la soirée, en est issu.
Crédit photographique : © Thomas Rabsch
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Paris, Théâtre des Bouffe du nord. 07-XII-2009. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Prélude et Fugue en ré mineur K405-4 ; Prélude et Fugue en mi bémol majeur K405-2. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : « La Malinconia », extrait du Quatuor à cordes en mi majeur op. 18 n°6 ; Grande Fugue op. 133 ; Àngel Villoldo (1861-1919) : El Choclo pour violoncelle et piano ; Astor Piazzolla (1921-1992) : Canto y Fuga pour violoncelle et piano ; Soledad pour violoncelle et piano ; Primavera porteña ; Suite del Àngel (arrangement pour quatuor à cordes de Eckart Runge) ; Concierto para quinteto (arrangement pour quintette avec piano de Eckart Runge et Jacques Ammon). Quatuor Artemis : Natalia Prishepenko, Gregor Sigl, violons ; Friedemann Weigle, alto ; Eckart Runge, violoncelle. Jacques Ammon, piano