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Paris, Théâtre des Bouffes du Nord. 30-XI-2009. Wolfgang Rihm (né en 1952) : Über die Linie VII pour violon solo ; Morton Feldman (1926-1987) : for Aaron Copland pour violon solo ; Jean Barraqué (1928-1973) : Sonate pour violon seul (CM) ; Luciano Berio (1925-2003) : Sequenza VIII pour violon. Carolin Widmann, violon
Festival d'Automne à Paris
C'est à Strasbourg, au Festival Musica, que la jeune violoniste allemande Carolin Widmann se faisait connaître du public français en septembre 2005 ; elle s'impose aujourd'hui comme l'une des plus grandes figures du violon contemporain. Invitée du Festival d'Automne au Théâtre du Châtelet en octobre 2008, elle revenait sur la scène des Bouffes du Nord en solo, dans un programme particulièrement exigeant qui confirmait une fois de plus l'immense talent de cette artiste, conjuguant tout à la fois l'ampleur et la sensualité d'une sonorité mise au service de l'écriture d'aujourd'hui.
Elle débutait par la pièce maîtresse du concert, Über die Linie VII (Au-delà de la ligne) de Wolfgang Rihm. L'œuvre s'inscrit dans un vaste cycle sollicitant les formations les plus diverses, instrumentales autant que vocales. Si Laurent Feneyrou, dans ses excellentes notices de présentation, fait mention du pré-texte de la partition, c'est davantage comme musique pure que l'œuvre se révèle à l'écoute de cette trajectoire sonore d'envergure, magistralement conduite par la violoniste ; louvoyant d'un registre à l'autre, entre monodie et doubles cordes, avec une égale richesse de son, elle capte notre écoute durant les vingt minutes d'une écriture qui n'outrepasse jamais le jeu traditionnel de l'instrument.
La pièce de Morton Feldman (à peine 5'), qu'elle choisissait d'interpréter juste après, offrait une juste «compensation». Écrite pour les quatre-vingts ans de son ami Copland, For Aaron Copland est une musique de l'apesanteur, une épure mélodique faite de notes longues en sons filés, sans vibrato, au timbre homogène et uniforme : «un exercice zen», selon les termes de l'interprète, dans le calme de la méditation.
Après une courte pause, Carolin Widman donnait en création mondiale la Sonate de Jean Barraqué ; récemment retrouvée et composée à 21 ans, alors que le jeune compositeur fréquente encore les cours de Messiaen, cette sonate en trois mouvements est d'une concentration extrême (8'seulement) et relève de la stricte combinatoire sérielle. De conception un rien étriquée, elle trouvait difficilement sa place devant l'écrasante Sequenza VIII de Luciano Berio, chef d'œuvre du répertoire contemporain et somme violonistique qui, sous l'archet impérieux de l'interprète, rejoignait aisément son modèle (la Chaconne de la Partita en ré mineur de J. S. Bach). En bis, Carolin Widmann offrait la troisième Miniature de George Benjamin, Lauer Lied, inventive et magistrale à l'image de cet artiste habité.
Crédit photographique : © Kasskara
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Paris, Théâtre des Bouffes du Nord. 30-XI-2009. Wolfgang Rihm (né en 1952) : Über die Linie VII pour violon solo ; Morton Feldman (1926-1987) : for Aaron Copland pour violon solo ; Jean Barraqué (1928-1973) : Sonate pour violon seul (CM) ; Luciano Berio (1925-2003) : Sequenza VIII pour violon. Carolin Widmann, violon