An American in Lille

Les liens entre la musique américaine et la France sont légions. Concernant Gershwin, l'anecdote de sa rencontre avec Ravel est restée célèbre. Et on trouve au fil des parutions de plus en plus d'ensembles français à l'aise avec George Gershwin, Bernstein ou autres compositeurs d'outre-Atlantique.

C'est le cas de l'Orchestre National de Lille. Dirigé par David Wroe, il sait trouver le « swing » nécessaire propre à cette musique. Si les vents sont remarquables, on regrettera que le pupitre de cordes, par ses faiblesses (sonorité rêche, quelques soucis de justesse), ne soit pas au même niveau. Bruno Fontaine au piano dans les deux œuvres concertantes – dont le plutôt rare Concerto en fa – se hisse au niveau des meilleurs interprètes de ce répertoire (Earl Wild – RCA ; Garrick Ohlsson, RCA ; Julius Katchen, DGG). Cette musique, à la croisée des chemins, ne pouvait que lui convenir.

On se posera légitimement la question du complément de programme. Pourquoi cette suite symphonique d'après Porgy and Bess ? Musicalement elle ne présente que peu d'intérêt. L'Orchestre National de Lille s'y implique visiblement moins que dans les deux autres pièces. Pourtant, les idées ne manquent pas : An American in Paris, A Cuban Ouverture, Second Rhapsody ou Variations on « I Got Rythm » (pour piano et orchestre) et même Catfish Row, la suite orchestrale de Porgy and Bess faite par Gershwin lui-même. Cela aurait rehaussé l'intérêt d'un disque qui pourtant partait sur de bonnes bases.