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Paris, Salle Pleyel. 16-XI-2009. Béla Bartók (1881-1945) : Quatre pièces pour orchestre op.12 ; Concerto pour piano et orchestre n°2 ; Le Mandarin merveilleux. Maurizio Pollini, piano ; Filarmonica della Scala, direction : Pierre Boulez

Pollini Perspectives

Après Pierre Boulez et l'Ensemble Intercontemporain, c'est à la tête du que conviait sur la scène de Pleyel pour ses «Perspectives parisiennes ». Le programme, résolument bartokien et judicieusement élaboré, laissait apprécier les différentes «manières» du compositeur hongrois louvoyant entre l'impressionnisme français et l'expressionnisme allemand avant d'affirmer plus fermement les tenants de son propre style.

Les Quatre pièces op. 12 (1912-1921) révèlent d'emblée les qualités de l'Orchestra , une phalange relativement jeune fondée en 1982 par Claudio Abbado : souplesse des pupitres de cordes, couleurs chaudes et délicates des bois, clarté lumineuse des cuivres ; l'orchestre excelle dans cette partition très debussyste dont met en valeur la finesse des textures (Preludio) et la valeur expressive des timbres (Marcia funebre).

rejoignait son fidèle partenaire et ami pour le Concerto pour piano et orchestre n°2, partition redoutable alliant puissance du jeu et rigueur implacable de l'écriture : des exigences que Pollini assume avec maestria, mettant à l'œuvre toute l'énergie et l'engagement de son jeu. Si l'équilibre sonore avec l'orchestre n'est pas idéal dans le premier mouvement (le piano manque cruellement d'aura résonnante), le «nocturne» central aux sonorités atomisées est une plage de pure émotion avant la détente explosive du Final – les salves de cuivres sont éblouissantes – où soliste et orchestre plus en phase relèvent avec maestria le défi virtuose.

Le concert s'achevait par la dernière des trois musiques de scène de . Sous-titré «Pantomime», Le Mandarin merveilleux crée à Cologne en 1926 sera aussitôt interdit, jugé licencieux et obscène ; résigné à n'en faire entendre que la suite d'orchestre écrite en 1927, Bartók disparut avant la création hongroise du ballet en 1945.

En privilégiant, comme il aime à le faire, la richesse des alliages sonores – les trois danses sont luxuriantes – et la lisibilité formelle, Pierre Boulez gomme l'agressivité sauvage recherchée par Bartók dans l'univers de la dissonance ; merveilleusement «moderne», ce Mandarin manquait ce soir de la tension et de l'urgence expressionnistes.

Crédit photographique : © M. Bothor / DG

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Paris, Salle Pleyel. 16-XI-2009. Béla Bartók (1881-1945) : Quatre pièces pour orchestre op.12 ; Concerto pour piano et orchestre n°2 ; Le Mandarin merveilleux. Maurizio Pollini, piano ; Filarmonica della Scala, direction : Pierre Boulez

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