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Paris. Théâtre de la Ville. 12-XI-2009. Tanztheater Wuppertal : Vollmond. Mise en scène et chorégraphie : Pina Bausch. Décor : Peter Pabst. Costumes : Marion Cito. Collaboration musicale : Matthias Burkert, Andreas Eisenschneider. Collaboration : Robert Sturm, Daphnis Kokkinos, Marion Cito. Musique : Amon Tobin, Alexander Balanescu avec le Balanescu Quartett, Cat Power, Carl Craig, Jun Miyake, Lefifield, Magyar Posse, Nenad Jeliç, René Aubry, Tom Waits. Avec Pablo Aran Gimeno, Rainer Behr, Silvia Farias Heredia, Ditta Miranda Jasifi, Dominique Mercy, Nazareth Panaredo, Helena Pikon, Jorge Puerta Armenta, Azusa Seyama, Julie Anne Stanzak, Michael Strecker, Fernando Suels Mendoza.
Sans Pina Bausch, décédée le 30 juin 2009 d'un cancer fulgurant, le Tanztheater de Wuppertal poursuit sa route. Au programme du rituel séjour de la compagnie à Paris, les reprises de Vollmond et de Masurca Fogo.
Le Tanztheater, c'est ce subtil mélange entre danse et théâtre, né avec l'expressionnisme allemand mais popularisé par Pina Bausch depuis plus de trente ans. Marque distinctive du travail de la compagnie, une alternance de scénettes humoristiques et de solos poignants, interprétés par des danseurs et des danseuses à la forte personnalité qui viennent des quatre coins du monde. À l'exception de Nazareth Panaredo, Helena Pikon, Julie Anne Stanzak et Dominique Mercy, présents sur le plateau de Vollmond, une grande partie des danseurs historiques de la compagnie ne montent plus sur scène – ils sont devenus maîtres de ballet invités (Malou Airaudo, Josephine Ann Endicott…). Femmes tigres ou lionnes, hommes agneaux ou brebis, ils marquent à jamais l'histoire de la compagnie à travers l'évocation des rapports entre les femmes et les hommes, les rêves et les souvenirs.
Pour danser chez Pina, il faut être capable de tout : garder de l'eau dans sa bouche pour la recracher sur son voisin, nager dans une rivière en plein milieu de la scène sous des trombes d'eau, démêler des cheveux longs jusqu'à la taille ou chausser des talons hauts de 12 centimètres. Certains solos, extraordinairement sensuels, conçus pour la plupart en face à face avec la chorégraphe, sont de l'ordre du rituel ou de la prière. Dans la seconde partie de Vollmond, celui de Dominique Mercy, le danseur tutélaire qui a accepté de co-diriger la compagnie à la mort de Pina Bausch, apparaît comme un bouleversant geste d'adieu à la chorégraphe disparue. Plus que la première partie du spectacle, la seconde prend d'ailleurs des accents de requiem avec les robes majoritairement noires des femmes ou une musique nostalgique enregistrée par le Balanescu Quartett.
Avec ses robes hollywoodiennes ou son goût pour les standards, on a parfois classé Pina Bausch parmi les nostalgiques d'un âge révolu. Il n'en est rien. La modernité et la grande efficacité dramatique d'une seule scène de Vollmond le prouvent. Julie Anne Stanzak danse avec des bras sublimes sur fond de gerbes d'eau lancées par les danseurs autour d'elle un solo subtilement moderne. La fin du spectacle, construite sur un unisson initié par les mouvements orientalisant d'un danseur, impulse un rythme plus contemporain et plus débridé. Ce sont alors une joyeuse débauche de verres qui débordent et un lancer jubilatoire de seaux d'eau sous un rideau de pluie qui achèvent cette seconde partie, plus danse que théâtre, dans un véritable déchaînement aquatique. On ne sait d'ailleurs pas si ce sont les gouttes de pluie ou des larmes qui coulent des yeux des danseurs au moment du salut final.
Crédit photographique : © Laurent Philippe
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Paris. Théâtre de la Ville. 12-XI-2009. Tanztheater Wuppertal : Vollmond. Mise en scène et chorégraphie : Pina Bausch. Décor : Peter Pabst. Costumes : Marion Cito. Collaboration musicale : Matthias Burkert, Andreas Eisenschneider. Collaboration : Robert Sturm, Daphnis Kokkinos, Marion Cito. Musique : Amon Tobin, Alexander Balanescu avec le Balanescu Quartett, Cat Power, Carl Craig, Jun Miyake, Lefifield, Magyar Posse, Nenad Jeliç, René Aubry, Tom Waits. Avec Pablo Aran Gimeno, Rainer Behr, Silvia Farias Heredia, Ditta Miranda Jasifi, Dominique Mercy, Nazareth Panaredo, Helena Pikon, Jorge Puerta Armenta, Azusa Seyama, Julie Anne Stanzak, Michael Strecker, Fernando Suels Mendoza.