Dernier duo d’amour de Roberto Alagna et Angela Gheorghiu ?

Enregistré en version de concert l'an dernier, L'Amico Fritz de Mascagni risque bien d'être le dernier disque réunissant le «couple maudit» de l'opéra.

En effet, ce qui était une rumeur persistante depuis pratiquement le début de leur union est devenue réalité : Roberto Alagna et Angela Gheorghiu ont annoncé leur séparation. Hormis cette nouvelle «pipole» sans grande importance artistique, force est de constater que lorsqu'ils chantent ensemble, il se passe toujours quelque chose dans la sublimation des œuvres qu'ils empoignent. Ce nouvel enregistrement en est une preuve tangible.

Entendre la séduction complice avec laquelle ils chantent leurs duos laisse à penser qu'en dehors de la technique vocale, du métier, du professionnalisme, c'est la tendresse toujours vivante de leur subconscient amoureux qui guide leurs notes. Angela Gheorghiu affirme une vocalité faite de douceur expressive et d'une totale maîtrise de son instrument. Avec quelles magnifiques nuances et quelles admirables couleurs elle nous entraîne dans un extatique «Non mi resta che il pianto». A son côté, Roberto Alagna chante avec une rare conviction même si parfois ses aigus restent quelque peu tendus. Mais c'est du grand Alagna qu'on entend dans la romance «O amore, o bella luce del core». Dans cette historiette amoureuse un peu à l'eau de rose, on retrouve avec bonheur la voix violette de la mezzo soprano italienne Laura Polverelli, tout comme le baryton George Petean qui montre ici son aisance vocale, comme déjà il l'avait démontrée sur la scène genevoise du Grand Théâtre dans son récent Trovatore de Verdi.

Trop rarement entendu, ce nouvel enregistrement de L'Amico Fritz s'avère une heureuse initiative permettant d'apprécier une œuvre d'un compositeur qui se trouve bien souvent réduit à sa seule Cavalleria Rusticana. Pourtant l'intermezzo de L'Amico Fritz n'a rien à envier à celui de Cavalleria Rusticana. On y retrouve la patte lyrique et orchestrale puissante de Mascagni très bien dirigée par un Alberto Veronesi conscient de l'aspect vériste de la belle musique de Mascagni.