Le fabuleux destin de Pablo Casals

C'est proprement grisé de mots, d'images, de sensations et d'émotions que l'on ressort du visionnage de ce film passionnant entièrement consacré à une figure majeure du XXe siècle musical. Pablo Casals (1876-1973), ses contemporains et son époque, tel est le programme concocté par Alain Jomy. En toile de fond, tel un dénominateur commun permanent, se tient l'Espagne. Celle regrettée d'avant Franco puis celle du dictateur qu'il combat avec une énergie et une pugnacité indéfectibles. Les grands choix et principaux actes de son existence, ses débuts à Paris, ses concerts dans le monde, son aventure avec le fameux trio Cortot-Thibaud-Casals, son installation durable à Prades dans les Pyrénées-Orientales, ses séjours au Costa Rica ou encore son passage mémorable aux Nations-Unies à New York célèbrent l'amour de son pays natal dont il refuse les meurtrissures qui l'endeuillent durant une grande partie de ce siècle. On remarque également une autre constante du musicien, une autre fascination, son amour pour l'œuvre de Jean-Sébastien Bach dont chaque matin de sa fort longue existence il joue une des sonates consacrées à son instrument fétiche, le violoncelle, comme on le sait. Les quelques extraits musicaux proposés prouvent cette longue communion, intime, sensible, presque sensuelle. N'a-t-il pas un jour conseillé à des élèves : «Vous devez jouer Bach comme vous jouez Chopin». Le film nous propose ainsi diverses facettes du musicien et de l'homme engagé, pas forcément sympathique et affable, loin s'en faut, mais tellement authentique, sincère et opiniâtre dans les plus nobles combats de son existence riche de tout ce qu'un être humain doit inévitablement subir que ce soit dans l'exaltation ou bien dans la douleur. Le mérite principal de ce travail précieux consiste avant tout à nous inviter à embrasser avec empathie une robuste et géniale personnalité dans sa globalité et dans son humanité.