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Besançon, Théâtre municipal. 26-IX-2009. Edith Canat de Chizy (né en 1950) : Omen pour orchestre ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°1 en ut majeur op. 21 ; Hector Berlioz (1803-1869) : Harold en Italie op. 16. Antoine Tamestit, alto ; Orchestre National de Lyon, direction, Jun Märkl
L'édition 2009 du Festival de Besançon, version longue puisqu'elle accueillait cette année le 51ème concours international de Jeunes chefs d'orchestre, s'achevait ce samedi 23 Septembre par un concert de très haute tenue donné par l'orchestre National de Lyon sous la direction précise autant que passionnée de leur chef Jun Märkl.
Au programme et pour débuter la soirée, le triptyque Omen (Présage), une des plus belles pages orchestrales d'Edith Canat de Chizy venait boucler la résidence d'un an de la compositrice à Besançon.
On la retrouvait en compagnie du directeur du Festival David Olivera sur le devant de la scène où elle était venue présenter sa pièce. Après l'hommage à Nicolas de Staël dans son concerto pour alto Les Rayons du jour, c'est ici une toile de Van Gogh (Champ de blés avec corbeaux) qui stimule son désir créateur. Edith Canat de Chizy associe cette vision prémonitoire d'une mort annoncée (Van Gogh se suicide quelques mois après) aux vers de Rainer Maria Rilke («chemins qui ne mènent nulle part […]» extraits des Quatrains valaisans) dont les mots clé Chemins, nulle part et pur espace sous-tendent les trois parties de l'œuvre. Le traitement virtuose de l'écriture orchestrale s'exerce dans le choix inventif des alliages sonores comme cette couleur froide, presque agressive des bois rehaussés de percussions métalliques qui campe d'emblée le paysage sonore ou les attaques synchro des cuivres et du piano projetant les sonorités en autant d'impacts explosifs striant l'espace. La texture y est toujours mouvante telles ces spirales impressionnantes qui vrillent l'espace de l'aigu au grave comme un grand frisson de la matière sonore. Timbre, espace, mouvement (pour paraphraser Dutilleux) confinent ici au mystère et au questionnement soulignés par la raréfaction progressive du matériau qui se fige jusqu'au silence.
Il fallait toute l'élégance et la vivacité du geste de Jun Märkel pour négocier une transition un rien brutale avec la Symphonie n°1 de Beethoven (était-elle vraiment à sa place?). On ne peut qu'apprécier la finesse d'articulation et l'énergie déployée par l'orchestre de Lyon dans cette œuvre toute haydnienne où l'équilibre formel (Allegro con brio) le disputait à la délicatesse des lignes (Andante cantabile) et la verve spirituelle (Allegro molto et vivace) ; en un mot, toutes les qualités requises pour que le charme de ce chef d'œuvre du classicisme viennois opère.
S'inscrivant dans la thématique du «Voyage en Italie» décliné par le Festival 2009, Harold en Italie, le «concerto symphonique» de notre Hector Berlioz national renouait avec la filière française du timbre (atmosphérique), du mouvement (narratif) et de l'espace (explosif). «Pèlerin» idéal de ce voyage pittoresque, Antoine Tamestit, épaulé par un orchestre très investi, chante sa mélancolie (Harold aux montagnes), puis son bonheur et sa joie (Sérénade d'un montagnard des Abruzzes) d'une sonorité aérienne et colorée, pleine de fraîcheur et d'allant. Rappelant son maître Ozawa, June Märkel insuffle un enthousiasme juvénile et communicatif à un orchestre galvanisé ; les pifferari sont rustiques à souhait et «l'orgie des brigands» donne la pleine mesure des potentialités sonores (cordes incisives et cuivres éclatants), achevant la soirée dans une explosion de timbres parfaitement maîtrisée.
Crédit photographique : Antoine Tamestit © Eric Larrayadieu / Naïve
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Besançon, Théâtre municipal. 26-IX-2009. Edith Canat de Chizy (né en 1950) : Omen pour orchestre ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°1 en ut majeur op. 21 ; Hector Berlioz (1803-1869) : Harold en Italie op. 16. Antoine Tamestit, alto ; Orchestre National de Lyon, direction, Jun Märkl