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Paris. Opéra Garnier. 24-IX-2009. Ballet de l’Opéra national de Paris : Giselle. Livret de Théophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges. Chorégraphie (1841) : Jean Coralli et Jules Perrot, transmise par Marius Petipa (1887), adaptée par Patrice Bart et Eugène Polyakov (1991). Musique : Adolphe Adam. Orchestre Colonne, direction musicale : Kœn Kessels. Décors : Alexandre Benois, réalisés par Silvano Mattei. Costumes : Alexandre Benois, réalisés par Claudie Gastine. Avec Aurélie Dupont (Giselle), Nicolas Le Riche (Albrecht), Karl Paquettte (Hilarion), Marie-Agnès Gillot (Reine des Willis) et les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris.
Pour l'ouverture de la saison du Ballet de l'Opéra de Paris à Garnier, rien n'a changé en ce début de l'ère Nicolas Joël, si ce n'est l'ouverture d'une boutique de souvenirs de luxe dans la galerie Halévy. La première distribution de Giselle, Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche, se tire admirablement de cette énième reprise du plus romantique des ballets français.
L'inaltérable duo Dupont/Le Riche a la lourde tâche d'incarner une nouvelle fois Giselle et Albrecht dans l'inamovible décor d'Alexandre Benois. Les deux étoiles s'en tirent admirablement, Aurélie Dupont avec une fraîcheur souriante et Nicolas Le Riche avec les expressions d'une fougue amoureuse (bisous volés dans le cou) qui insuffle un peu de modernité à son interprétation. Espiègle, Aurélie Dupont est tout aussi délicieuse quand elle est prise en faute par sa mère à trop danser qu'elle est hallucinée dans la scène de la folie, à l'issue de laquelle Giselle succombe dans les bras de sa mère. La pantomine n'est en revanche pas le fort de Karl Paquette, qui peine à incarner le rôle d'Hilarion, le garde-chasse, au début du premier acte.
Seul morceau de bravoure du premier acte, le pas de deux des vendangeurs est assuré dans cette distribution par Emmanuel Thibault, Premier danseur, et Ludmila Pagliero, Sujet, une danseuse d'origine argentine engagée dans la compagnie en 2003. Le couple est fade et mal assorti. Un peu maniéré, Emmanuel Thibault exécute parfaitement sa partie. Ludmila Pagliero n'a pas l'âge du rôle, mais déploie des bras incomparables et beaucoup de métier. Du côté des ensembles, les pas de huit sont impeccables, brave aux maîtres de ballet Clothilde Vayer et Laurent Hilaire !
Marie-Agnès Gillot, hiératique dans le rôle de la Reine des Willis, porte à elle seule le début du second acte. Alice Renavand, éthérée et Ludmila Pagliero, dans une interprétation plus sobre que celle de la vendangeuse du premier acte, sont les deux Willis qui entourent la Reine, chassant sans pitié toute présence masculine autour des esprits de ces jeunes filles mortes la veille de leurs noces. Tout au long de ce deuxième acte, dans l'exceptionnelle unité du corps de ballet, réglée au millimètre près, on sent là encore l'excellence française de la compagnie et la maîtrise et la rigueur des deux maîtres de ballet. Rien n'est superflu dans ce ballet toujours aussi fascinant 168 ans après sa création.
Noble prince en lutte avec le fantôme de Giselle, Nicolas Le Riche est émouvant dans son pourpoint à crevés. Torturé par les Willis, Karl Paquette en Hilarion a plus de chair dans ce second acte. Par l'économie et la sobriété de leur jeu, Nicolas Le Riche et Aurélie Dupont parviennent à incarner l'essence même de Giselle. Aurélie Dupont, légère, semble littéralement voler. Prodigieux et elliptique, Nicolas Le Riche se rapproche chaque jour un peu plus de Noureev, comme un papillon naissant d'une chrysalide. C'est un grand danseur, à son apogée.
Crédits photographiques : Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche, Julien Benhamou Ludmila Pagliero et Sébastien Thibault dans Giselle © Julien Benhamou
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Paris. Opéra Garnier. 24-IX-2009. Ballet de l’Opéra national de Paris : Giselle. Livret de Théophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges. Chorégraphie (1841) : Jean Coralli et Jules Perrot, transmise par Marius Petipa (1887), adaptée par Patrice Bart et Eugène Polyakov (1991). Musique : Adolphe Adam. Orchestre Colonne, direction musicale : Kœn Kessels. Décors : Alexandre Benois, réalisés par Silvano Mattei. Costumes : Alexandre Benois, réalisés par Claudie Gastine. Avec Aurélie Dupont (Giselle), Nicolas Le Riche (Albrecht), Karl Paquettte (Hilarion), Marie-Agnès Gillot (Reine des Willis) et les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris.