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Johannes Brahms (1833-1897) : intégrale des symphonies. Orchestre philharmonique de Berlin, direction : Sir Simon Rattle. 1 coffret de 3 CD EMI. Référence et code barre : 50999 267254 20. Enregistré en concert en octobre et novembre 2008. Notice de présentation en anglais, allemand et français. Durée : 165’32.

 

Ainsi donc, la voilà : la première intégrale symphonique d'une somme musicale majeure réalisée par depuis sa nomination au pupitre de la Philharmonie de Berlin.

L'enjeu est aussi symbolique que risqué car le chef anglais doit affronter trois monuments discographiques et définitifs gravés avec cet orchestre : Jochum, Karajan et Abbado (tous pour DGG). Bien qu'essentiellement réputé pour ses interprétations du répertoire du XXe siècle et contemporain, Sir Simon pratique Brahms depuis longtemps ! À la tête de l'Orchestre de Birmingham, il partait souvent en tournée avec la Symphonie n°4 et l'auteur de ces lignes se souvient d'une superbe interprétation de cette œuvre entendue à Londres ! De plus, rompu aux pratiques sur instruments d'époque et aux respects des styles d'origine, on attendait du chef une «approche iconoclaste» comme se plait à le souligner la quatrième de couverture de ce coffret.

Pourtant, au fil des écoutes, le commentateur reste assez dubitatif ! Avant de rentrer en détail dans l'analyse de ce coffret, on peut dire que Rattle apparaît à la recherche d'un Brahms à la clarté instrumentale et mélodique absolue mais avec un orchestre au tel bagage brahmsien qu'il lui impose sa conception sonore et stylistique et, comme toujours, Rattle a trop tendance à privilégier la séquence ou la phrase sur le fond. Ce Brahms hybride reste malheureusement en dessous des grandes références et ne parvient pas à poursuivre l'optique des relectures dynamiques de Mackerras (Telarc) et Berglund (Teldec) à la tête d'orchestres de chambre, car à Berlin, Brahms reste visiblement une affaire de tutti !,

La Symphonie n°4 souffre particulièrement de cette multiplication des épisodes et peine à avancer particulièrement dans les mouvements pairs dont un «Andante moderato» très terre à terre. La Symphonie n°1 progresse avec allure mais sans le côté tellurique de ce maelström orchestral ; il est frappant de constater que Rattle est parfois pris en flagrant délit de manque d'idées comme au début du «Finale» avec adagio introductif sans tensions, ni mystères. Seule la Symphonie n°2 séduit par la justesse de ses tempis et avec un orchestre qui se plaît à s'écouter jouer avec même, parfois, trop d'enthousiasme. Mais Rattle réussit ici à unifier le discours et à allier le sens de la progression au sens de la respiration. La Symphonie n°3 est une synthèse des qualités et des défauts de cette somme : la pièce commence très bien avec un «allegro con brio», au tempo mesuré mais bien construit et parfaitement allant (même si l'on peut aller plus loin) mais, le soufflé retombe vite dès le mouvement suivant. Quant au célèbre «poco allegreto», il reste encore trop en retrait et linéaire.

Le point de satisfaction réside dans la plasticité de l'orchestre. Les commentateurs ont souvent émis des réserves sur la perfection technique de la mythique phalange dont le niveau ne serait plus aussi assuré qu'auparavant : un concert de la Saint-Sylvestre passablement raté et au débraillé orchestral inquiétant apportait quelques éléments à cette thèse. Force est pourtant de constater que la mécanique allemande, dans son cœur de répertoire, reste une incroyable machine de guerre.

Pour faire un bilan, ce Brahms analytique est certes, individuellement, présentable, mais, dans un tel contexte discographique, Sir ne peut monter sur les marches du podium. Les grandes références modernes restent, outre celles citées dans cet article : Haitink (à Amsterdam et Boston pour Philips) et Chailly (magistrale intégrale avec le Concertgebouw d'Amsterdam pour Decca). Ceux qui cherchent un Brahms plutôt polaire pourront acquérir ce coffret mais dans cet esprit le travail de Dohnanyi à Cleveland (Teldec) reste préférable pour un orchestre aux teintes plus froides et donc plus idiomatiques dans cette approche.

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Johannes Brahms (1833-1897) : intégrale des symphonies. Orchestre philharmonique de Berlin, direction : Sir Simon Rattle. 1 coffret de 3 CD EMI. Référence et code barre : 50999 267254 20. Enregistré en concert en octobre et novembre 2008. Notice de présentation en anglais, allemand et français. Durée : 165’32.

 
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1 commentaire sur “Brahms par Rattle à Berlin”

  • draffin dit :

    Je me souviens avoir lu cette critique à l’époque de la sortie de ce coffret et avoir été plutôt d’accord avec ses conclusions : il y a plusieurs réussites (dont la 2ème, incontestablement) mais aussi des choix esthétiques passablement surprenants.
    J’ai récemment participé à une écoute à l’aveugle en ligne autour de la 4ème de Brahms. Au sein d’une large sélection (une trentaine d’enregistrements), c’est la version Rattle qui est arrivée en tête. Je me souviens avoir eu du mal à la dater et aussi avoir eu du mal à entrer dedans : ça démarre un peu lent, un peu contemplatif, les basses sont «énaurmes»… La fin du 1er mouvement est écrasante et a suffi à qualifier cette version au 2ème tour. Et puis, de mouvement en mouvement, elle s’est imposée : c’était à la fois original et traditionnel, puissant mais clair, prémédité mais sensible. Une interprétation qui réconcilie les contraires, en somme. Rattle, régulièrement, retient son orchestre, l’obligeant à bouillonner intérieurement. Et quand le climax du mouvement arrive, les musiciens, chauffés à blanc, emportent l’auditeur dans un tourbillon d’émotions vives. Et puis, il y a les timbres. L’auteur de la critique ci-dessus parle de «plasticité», de «mécanique allemande», de «machine de guerre». Si on se réfère aux tutti, peut-être. Mais les interventions solistes sont toujours colorées, élégantes, poétiques, expressives.
    À la lumière de cette redécouverte, j’ai été réécouter le reste du coffret avec des oreilles neuves et ça m’a permis d’intégrer aussi la 3ème symphonie dans mes playlists. Quant à la 1ère, je n’en dis rien : ça n’est pas mon Brahms préféré.
    Bref, tout ça pour dire qu’on a parfois besoin de temps pour apprécier une version et que ça a été mon cas avec ce coffret, que je situe désormais parmi les meilleures intégrales des symphonies de Brahms jamais enregistrées.

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