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Paris, salle Pleyel. 18-IX-2009. Johannes Brahms (1833-1897) : Ein Deutsches Requiem op. 45 ; Wolfgang Rihm (né en 1951) : Das Lesen der Schrift (inséré entre les mouvements du Deutsches Requiem). Natalie Dessay, soprano ; Ludovic Tézier, baryton ; Chœur de Radio-France (chef de chœur : Matthias Brauer), Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Myung-Whun Chung
Festival d'automne à Paris 2009
Peut-être ne fallait-il pas brusquer les abonnés du «Philhar» ou les fans de Natalie Dessay pour ce concert d'ouverture de la saison de l'OPRF, qui ouvrait aussi la partie musique du Festival d'automne : un chouïa de musique contemporaine, Das Lesen der Schrift de Wolfgang Rihm (était-ce en création française ?) était intercalé entre les mouvements du monumental Deutsches Requiem de Brahms. Certes, on faisait de même au XIXe siècle, en mélangeant allègrement genres et styles pendant des concerts-fleuves de plusieurs heures. C'est oublier que quelques décennies ont passé, que le Requiem Allemand, avec ses 75 minutes, se suffit à lui-même, surtout dans les attentes d'un public contemporain. Les quatre pièces de Rihm, du coup morcelées, avec leur esthétique pessimiste et morbide tout à la fois post-expressionniste, post-schœnbergienne et post-spectrale, ont particulièrement juré et ont été noyées face à la rigueur toute protestante du chef d'œuvre de Brahms.
Car Brahms, chantre de la musique pure, se suffit à lui-même. Rappelons le à Mme Dessay, qui minaude et surjoue «Ihr habt nun Traurigkeit», à l'inverse de la retenue exigée dans ce répertoire, dont elle ne possède ni la voix, ni le style. Rappelons le aussi à Myung-Whun Chung, qui si lui au moins ne cherche pas à théâtraliser le propos, le désincarne par une battue d'une lenteur inouïe… Le chœur ne peut plus soutenir, les vents sont à bout de souffle, les cordes à bout d'archet, tout ce beau monde détimbre et forcément, se décale, noyant totalement les subtils effets polyphoniques voulus par le compositeur.
Pourtant nombre d'éléments pouvaient faire de ce concert une prestation de haut vol. L'orchestre bien sur, qu'on a connu en meilleures dispositions. Le Chœur de Radio-France confirme ses fulgurants progrès sous la houlette de Matthias Brauer – mieux dirigé ce soir, il aurait pu être exceptionnel. Et évidemment Ludovic Tézier, excellent dans ce répertoire, dans lequel les programmateurs parisiens devraient plus souvent le faire se produire. Enfin attendons une exécution d'un seul trait de Das Lesen der Schrift, pour pouvoir s'en faire une idée objective.
Crédit photographique : Ludovic Tézier © DR
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Paris, salle Pleyel. 18-IX-2009. Johannes Brahms (1833-1897) : Ein Deutsches Requiem op. 45 ; Wolfgang Rihm (né en 1951) : Das Lesen der Schrift (inséré entre les mouvements du Deutsches Requiem). Natalie Dessay, soprano ; Ludovic Tézier, baryton ; Chœur de Radio-France (chef de chœur : Matthias Brauer), Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Myung-Whun Chung