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Bohuslav Martinů : Enfance et formation sous l’empire Austro-hongrois

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De la musique tchèque, on retient en général les noms de Smetana, Dvořák et Janáček. A ce tableau fort incomplet, il faut rajouter un grand compositeur du XXe siècle : Bohuslav Martinů. Ce dossier a été publié dans Resmusica à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort du compositeur en 2009. Pour accéder au dossier complet : Bohuslav Martinů, grand nom de la musique tchèque

 
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De la musique tchèque, on retient en général les noms de Smetana, Dvořák et Janáček. A ce tableau, fort incomplet, il faut ajouter un grand compositeur du XXe siècle : , dont on fête cette année le cinquantième anniversaire de la mort.

L'homme, trop mal connu des mélomanes actuels, compose comme il respire, autant que Bach ou Haydn. Si son esthétique est composée d'inspirations diverses et qu'il vécut la majeure partie de sa vie hors des frontières tchèques (tchécoslovaques, à partir de 1919), il n'en est pas moins le digne défenseur de la musique tchèque de son siècle, ne se présentant pas en successeur de Janáček – celui-ci ne laisse ni école, ni héritier – mais en personnalité indépendante et incontournable du monde de la musique de son temps. Retour sur le parcours d'un compositeur hors norme.

Martinů naît le 8 décembre 1890 à Polička, village situé aux confins de la Bohême et de la Moravie. L'accouchement se passe au sommet du clocher de l'église où vit la famille jusqu'en 1902. Dès 1897, il suit des cours de violon deux fois par semaine, après l'école. Doué, voire prodigieux, l'enfant joue très vite en formation de chambre ainsi qu'en soliste. Les espoirs que la communauté locale fonde en lui sont tels que des fonds sont levés pour l'envoyer étudier au Conservatoire de Prague, dont il passe l'examen d'entrée à l'âge de 16 ans. Il est exclu de l'institution au bout de deux ans mais se réinscrit dans le département d'orgue (1909-1910) [Notons que le département d'orgue comprend également une classe de composition. Historiquement, le Conservatoire de Prague ne comprenait que des cours instrumentaux, les apprentis compositeurs devant se tourner vers l'Ecole d'orgue, ce fut notamment le cas de Janaček]. Il y connaîtra le même sort, expulsé pour «incorrigible négligence». S'il n'obtient aucun diplôme du Conservatoire, il profite néanmoins de Prague, fasciné par sa vie culturelle. A l'époque, la capitale de la Bohême voit l'influence musicale de Smetana et Dvořák d'une part et de la tradition germanique (Bruckner, Richard Strauss et Mahler) d'autre part. Bohuslav se lie d'amitié avec quelques musiciens et est particulièrement stimulé par la création en allemand de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy. Des années 1910-1915 datent les premières compositions prometteuses dont quelques pièces pour piano et le cycle de lieder Smrt Tintagilova H15 (La mort de Tintagiles).

Pour Martinů, la Première Guerre mondiale se passe à Polička, auprès de sa famille, étant donné que le jeune homme a évité la conscription grâce à une mauvaise santé, moitié justifiée, moitié imaginaire. Il subsiste en enseignant le violon et se consacre à la composition. En 1918, il compose la Česká rapsódie H118, œuvre pour baryton, chœur et orchestre qui célèbre la libération de la nation tchécoslovaque. L'œuvre est jouée le 24 janvier 1919 devant le président Masaryk et contribue à poser la première pierre de la réputation de Martinů à Prague. En parallèle à son activité de compositeur, il joue régulièrement avec le jeune Orchestre Philharmonique Tchèque, dont il devient membre à part entière entre 1920 et 1923 en tant que second violon. La formation dirigée par Václav Talich part en tournée dans des villes telles que Genève, Londres et Paris. Grâce à ce poste, il peut se familiariser «de l'intérieur» avec le répertoire symphonique dans son ensemble, dont Le poème de la Forêt d'Albert Roussel avec qui il étudiera à Paris. Au niveau créatif, ce sont surtout les cours de composition pris avec Josef Suk, gendre de Dvořák et compositeur de chefs-d'œuvre incontournables (la Symphonie n°2 «Asraël» ou encore le génial poème symphonique Mûrissement) qui marquent cette époque.

Crédit photographique : © Fondation Martinů

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