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Crest. 20 au 23-VIII-2009. Futura 2009, Festival international d’Art acousmatique et des Arts de support.
«Ouvrir le corps entier et écouter par tous ses pores» … c'est une expérience – en position allongée de préférence – que nous proposait Futura 2009, le Festival des musiques acousmatiques et électroniques dont la 17ème édition, conçue par son directeur Vincent Laubeuf, centrait cette année la thématique sur les rapports entre la musique et le corps : une question sensible s'il en est qui constituait le fil rouge d'une programmation courant sur trois journées (20 concerts au total) et une Nuit blanche (rituel des acousmates) durant laquelle officiaient, en alternance, à la console de projection, les six interprètes du Festival.
Précédant cette immersion totale dans le son et dans le noir, l'interprétation très fine de Guillaume Contré donnait à entendre, ce samedi 22 Août à 18h, deux chefs d'œuvres du répertoire acousmatique et deux manières singulières d'appréhender le corps sonore et de l'habiter : dans Triola ou Symphonie pour moi-même, Ivo Malec dit utiliser le son « comme le miroir d'une solitude ». Dans ce triptyque construit autour du silence, Malec façonne son objet sonore, en sélectionne les couleurs (Turpituda) et scrute l'espace pour en capter les ondes mystérieuses (Ombra) ou la fibre sensuelle (Nuda). Plus ludique et foisonnant, Le présent composé de Bernard Parmegiani est une mosaïque de courts instants, cette façon très bachelardienne de composer la durée en appréhendant des temps différents : temps figé, temps pulsé etc… qui s'incarnent dans une matière sonore très différenciée.
Familier d'un instrument qu'il sait dompter avec brio (les 100 haut-parleurs de l'acousmonium Motus), Jonathan Prager assurait le concert passionnant de 21h confrontant quatre expériences littéralement physiques du son. Avec Profil désir (1988) de Christian Zanési, c'est une musique vibratile, à fleur de lèvres qui sourd d'une matière effervescente et épidermique. Confidence (1995) de Philippe Mion procède par touches légères comme une caresse, privilégiant une sonorité fragile et éphémère dont la matière est constamment fragmentée. Dans Caravaggio (2000), Denis Dufour accuse le rapport charnel au son dans un embrassement quasi érotique du son et du souffle, des mots (la poésie incandescente de Thomas Brando) et de la voix. Alexandre Yterce enfin nous communique sa vision souffrante et révoltée de l'existence dans Trésurrection II (1989-2008) traversée de courants puissants « comme un flux sanguin qui reprend ses battements ».
Programmées tard dans la soirée, à l'heure où les jeunes têtes blondes sont couchées, Danses organiques de Luc Ferrari, sous-titrées «bande dessinée pour l'oreille», refermaient ce cycle de concerts dans l'intimité troublante de la musique des corps. Danses organiques est un Hörspiel d'alcôve, une célébration auriculaire du plaisir et de la caresse entre deux femmes à qui le compositeur a confié son micro. Avec le tact et l'élégance qui le caractérisent, Ferrari musicalise cette étreinte amoureuse, laissant l'écoute s'abandonner via la magie de l'art acousmatique.
Crédit photographique : Acousmonium Motus © DR
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Crest. 20 au 23-VIII-2009. Futura 2009, Festival international d’Art acousmatique et des Arts de support.