Un clavier pour Haendel, convenable, sans plus

Clavecin ou piano? Le débat est régulièrement relancé, le choix souvent discuté et jamais réglé à la satisfaction de tous semble-t-il bien. Quelle que soit l'option préférentielle ne boudons pas notre plaisir à l'écoute de ces partitions pour clavier de Georg Friedrich Haendel qui n'atteignirent jamais la popularité des musiques de Jean-Sébastien Bach ou de Scarlatti. A l'écoute on comprend aisément le différentiel d'appréciation tant les pièces de Haendel peuvent paraître à la fois plus faciles et sans doute plus conventionnelles. Elles bénéficient toutefois d'une intéressante invention mélodique que le rendu rythmique est loin d'égaler. Probablement est-il indispensable de la part de l'interprète d'y insuffler, autant que faire se peut, une certaine dose d'improvisation ou à tout le moins d'en procurer le sentiment. Dans un enregistrement récent (2005, Mirare), Anne Queffélec nous avait offert ce type de lecture intelligente, respectueuse du texte mais génératrice d'un dépassement interprétatif attachant et enrichissant. Berlin Classics cette fois nous invite à découvrir seize Suites réparties sur 3 CD. Le jeu de la pianiste allemande Ragna Schirmer, qui un temps travailla auprès de Bernard Ringeissen à Paris (1993) et remporta un grand nombre de prix et concours nationaux et internationaux, nous fait découvrir une instrumentiste accomplie et reconnue. En dehors de nombreux récitals, elle a joué avec des chefs d'orchestre de la trempe de Zubin Mehta, Kurt Masur, Herbert Blomstedt et Roger Norrington. Son répertoire s'avère large et varié comme en témoignent déjà une dizaine d'enregistrements. Nous déconseillons, à priori, l'écoute en continu de ces Klaviersuiten, bien abordées quoique avec un peu trop de retenue et d'effacement, tant elles se résignent à ne pas déborder d'un moule trop étroit et inflexible. La lecture de Ragna Schirmer ne démérite pas mais n'enthousiasme pas non plus. Sans doute vaut-il mieux réécouter la version sagace et perspicace d'Anne Queffélec.