Herreweghe et Beethoven

Philippe Herreweghe poursuit avec régularité son intégrale des symphonies de Beethoven avec ses fidèles musiciens de l'Orchestre Philharmonique Royal des Flandres. Ce nouveau disque, troisième étape de ce parcours, vient après une série de concerts des plus réussis et confirme cette impression positive. Depuis 2005, date de sa première intégrale en concert, avec cet orchestre, à Bruxelles, Herreweghe n'a cessé de travailler ces symphonies et arrive maintenant à un résultat proche de la perfection.

Le musicien choisit un bel équilibre entre relecture moderne et tradition avec un orchestre sur instruments modernes. Herreweghe tend le discours et impose des tempi rapides mais le chef ne fait jamais dans le sec et le bondissant, comme peut le faire Paavo Järvi pour son intégrale en cours chez RCA. Ainsi les phrasés avancent-ils bon train, mais jamais le chef ne presse le rythme et il laisse même la musique parler et suit la respiration des musiciens dans la «pastorale». C'est justement cette dernière qui atteint de nombreux moments de grâce par le biais d'instrumentistes concentrés et concernés qui se plaisent à dialoguer avec naturel. Dans l'absolu, c'est même plus intéressant, car moins froid, que Zinman (Arte Nova) dans une intégrale qui fit date et qui peut raisonnablement être comparée à cette réalisation.

Dans une discographie bardée de tant de références le travail de Herreweghe témoigne de l'art de ce chef et de la santé étincelante de son orchestre. Certes, il y aura toujours les Karajan (DGG), Harnoncourt (Teldec), Brugge (Philips), Järvi (RCA), Immerseel (Zig Zag), mais Herreweghe réalise ici l'une des plus intéressantes versions de la «pastorale» de ce début de XXIe siècle.