Festivals, La Scène, Musique de chambre et récital

Brahms et Berio au sommet, Vol. VI

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Arc 1800, Hôtel du Golf. 01-VIII-2009. Serge Prokofiev (1891-1953) : Quintette en sol mineur op. 39 ; Franz Schubert (1797-1828) : Variations sur La belle meunière op. posthume 160 D 802 ; Johannes Brahms (1813-1897) : Quatuor avec piano n°1 en sol mineur op. 25. Frédéric Tardy, hautbois ; Véronique Fèvre, clarinette ; Marion Ralincourt, flûte ; Jean-Michel Dayez, piano ; David Grimal, François Payet-Labonne, violons ; David Gaillard, alto ; Guillaume Paoletti, violoncelle ; Eckhard Rudolph, contrebasse

Arc 1800, Centre Bernard Taillefer. 02-VIII-2009. Olivier Messiaen (1908-1992) : Quatuor pour la fin du temps ; Johannes Brahms (1813-1897) : Sonate pour violon et piano n°3 en ré mineur op. 108 ; Luciano Berio (1925-2003) ; sequenza XIV pour basson ; Oscar Strasnoy (né en 1970) : Eco pour basson (création mondiale). Pascal Gallois, basson ; Véronique Fèvre, clarinette ; Akiko Suwanai, violon ; Florian Frère, violoncelle ; Jean-Michel Dayez, piano

Arc 1800, Centre Bernard Taillefe. 03-VIII-2009. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Ouverture sur des thèmes juifs op. 34 ; Luciano Berio (1925-2003) : Sequenza I pour flûte ; Oscar Strasnoy (né en 1970) : Eco pour flûte (création mondiale) ; Maurice Ravel (1875-1937) : Introduction et allegro pour flûte, clarinette, harpe et quatuor à cordes ; Johannes Brahms (1813-1897) : Sonate pour violoncelle n°2 en fa majeur op. 99. Marion Lénart, harpe ; Marion Ralincourt, flûte ; Véronique Fèvre, clarinette ; Stéphanie Moraly, Eric Crambes, violons ; Adrien Boisseau, alto ; Florian Frère, Henri Demarquette, violoncelles ; Antoine de Grolée, Michel Dalberto, piano

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Festival des Arcs 2009

A la demande expresse des vacanciers et non moins mélomanes avertis du mois d'Août, Pierre Maurel et – respectivement président et directeur artistique du Festival Les Arcs – ont décidé de prolonger d'une semaine les concerts, accueillant, en l'absence des élèves et maîtres de l'Académie qui s'est achevée le 31 juillet, une kyrielle d'artistes renommés venus prêter leur talent au sein de formations de chambre les plus diverses.

Ainsi, à côté des œuvres liées à la thématique de cette 36ème édition (Brahms, Berio, Strasnoy), la programmation éclectique et bien ciblée nous faisait découvrir des pièces plus rarement entendues comme ce Quintette en sol mineur pour hautbois, clarinette, violon, alto et contrebasse de Serge Prokofiev qui débutait la soirée du 1er août dans le vaste salon de l'Hôtel du Golf. Commande du deuxième chorégraphe des Ballets Russes Boris Romanoff, cette partition en six mouvements d'une grande complexité rythmique évoque plus d'une fois les couleurs et les textures d'un Stravinsky. Prokofiev met en valeur la contrebasse – impressionnant Eckhard Rudolph – qui insuffle à deux reprises l'élan d'une écriture sous haute tension. L'archet impérieux de fédérant les énergies confère à l'ensemble une cohérence et une puissance impressionnantes. Si les Variations sur La Belle Meunière de , censées faire divertissement, n'évitent pas l'ennui et une overdose de notes – /flûte et /piano s'y attèlent pourtant courageusement! -, le Quatuor n°1 avec piano en sol mineur de Brahms, chef d'œuvre inaltérable du compositeur dans la pleine mesure de ses moyens, couronne la soirée malgré une acoustique trop sèche et un piano quelque peu «fatigué». n'en joue pas moins avec feu, instaurant un bel équilibre avec ses trois partenaires (François Payet-Labonne, David Gaillard et Guillaume Paoletti) pour donner à la phrase son ampleur et à chacun des mouvements sa Stimmung singulière. Le Rondo alla Zingarese est un finale éblouissant de rythmes et de couleurs témoignant de l'enthousiasme et de la générosité sonore de ses interprètes.

Le concert du dimanche 2 Août, éclairé en amont (conférence à 18h30) des paroles expertes de Maxime Kaprielian, réservait une surprise de taille : la présence inattendue ( avait à cet effet bousculé un peu l'affiche du programme) du dédicataire et créateur de la Sequenza XII pour basson de , . En présence d' chargé de présenter au micro chacune des 14 Sequenze, le bassoniste de l' revenait sur la genèse d'une pièce écrite pour lui et à la mesure de ses capacités sidérantes d'instrumentiste. Courant sur une durée de 20', ce continuum sonore engendré par la respiration circulaire du bassoniste – l'apanage de quelques rares élus! – tient de la performance physique ; il met à l'œuvre des modes de jeu inédits tel le semi-glissando par micro intervalles et le «trémolo Berio» révélant une gamme de couleurs et de «granulations» sonores infinies. Pour une efficacité totale voire une théâtralité qui n'aurait pas déplu à Berio, s'est équipé de lunettes/loupe et a réduit sa partition à la dimension d'un micro film fixé sur son basson! Cette expérience d'écoute un rien éprouvante pour l'auditeur éclipsait inévitablement l'Eco pour basson solo d' dont n'était certainement pas le passeur idéal.

Précédant ce monument qui aurait pu se suffire à lui-même, on entendait rien moins que le Quatuor pour la fin du temps d', autre pierre d'angle du répertoire de chambre qui, ce soir, manquait de quelques heures de répétition, surtout dans les mouvements à quatre. Véronique Fèvre reste un peu en retrait face à cette page extraordinaire qu'est L'abîme des oiseaux tout comme le très jeune Florian Frère dont la ligne soliste dans la Louange à l'éternité de Jésus manque de legato. Soutenue par l'accompagnement bien senti de Jean-Michel Dayez, c'est la violoniste Akiko Suwanai qui parvenait à nous transporter dans la deuxième Louange par la pureté et l'intensité de son jeu divinement conduit. Des qualités que l'on retrouvait dans son interprétation de la Sonate n°3 en ré mineur pour violon et piano de Brahms qu'elle aborde avec assurance et un certain panache à défaut d'une grande intériorité. Jean-Michel Dayez reste ce partenaire idéal, soucieux d'équilibre sonore autant qu'investi dans sa partie musicale superbement maîtrisée.

Mieux équilibré et moins long, le concert du 3 août offrait des paysages sonores très diversifiés mobilisant des formations allant du soliste au septuor. L'Ouverture sur des thèmes juifs de Prokofiev était jouée d'un même élan par les six instrumentistes – le tout jeune altiste Adrien Boisseau n'a que 18 ans! – et séduisait d'emblée par ses textures colorées et ses courbes mélodiques très chantantes. venait ensuite jouer la Sequenza I de Berio, partition inaugurale de cette longue série d'œuvres solistes écrite en 1958 et portant, en exergue, cette assertion d'Eduardo Sanguinetti : «La musique est le désir des désirs». Beaucoup plus convaincante que dans les Variations de Schubert, en donne une version très finement ciselée même si la sonorité souple et aérienne manque un peu de projection. Elle enchaînait avec Eco pour flûte seule d', nouvel épisode de Cendrillon – le compositeur nous a avoué sa passion pour les contes – dont l'histoire s'articule nécessairement en 14 fragments, les 14 Eco des Sequenze. «Conté» avec beaucoup d'humour et un certain mystère – la voix de Marion Ralincourt est aussi musicale que le son de sa flûte – l'épisode de la chaussure de verre évoqué sur un mouvement de balancier traduit toute la finesse et l'art de l'ellipse du compositeur.

L'Introduction et allegro de Maurice Ravel apportait sa touche de fraîcheur et de lumière à la faveur du jeu élégant et raffiné de Marion Lénart, soliste de cette pièce «en concert» d'un seul tenant. Les textures transparentes et la fluidité de cette musique bien française s'opposaient radicalement à l'énergie tumultueuse de la Sonate pour violoncelle et piano n°2 de Brahms qui réunissait l'excellent Henri Demarquette et le fougueux jouant en parfaite complicité puisqu'ils ont enregistré les trois sonates en 2008 (CD Warner). Si le jeu très habité quoiqu'un peu nerveux de tient en haleine, c'est l'élégance du geste et la précision de l'archet qui captivent chez Henri Demarquette, avec une sûreté de l'attaque et un contrôle permanent de la sonorité qu'il met au service de l'expression. Dans ce chef d'œuvre accompli explorant toutes les zones d'ombre de l'âme romantique, le mouvement lent joué par les deux artistes sans complaisance sentimentale était juste sublime.

Crédit photographique : Pascal Gallois © Festival des Arcs 2009

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Arc 1800, Hôtel du Golf. 01-VIII-2009. Serge Prokofiev (1891-1953) : Quintette en sol mineur op. 39 ; Franz Schubert (1797-1828) : Variations sur La belle meunière op. posthume 160 D 802 ; Johannes Brahms (1813-1897) : Quatuor avec piano n°1 en sol mineur op. 25. Frédéric Tardy, hautbois ; Véronique Fèvre, clarinette ; Marion Ralincourt, flûte ; Jean-Michel Dayez, piano ; David Grimal, François Payet-Labonne, violons ; David Gaillard, alto ; Guillaume Paoletti, violoncelle ; Eckhard Rudolph, contrebasse

Arc 1800, Centre Bernard Taillefer. 02-VIII-2009. Olivier Messiaen (1908-1992) : Quatuor pour la fin du temps ; Johannes Brahms (1813-1897) : Sonate pour violon et piano n°3 en ré mineur op. 108 ; Luciano Berio (1925-2003) ; sequenza XIV pour basson ; Oscar Strasnoy (né en 1970) : Eco pour basson (création mondiale). Pascal Gallois, basson ; Véronique Fèvre, clarinette ; Akiko Suwanai, violon ; Florian Frère, violoncelle ; Jean-Michel Dayez, piano

Arc 1800, Centre Bernard Taillefe. 03-VIII-2009. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Ouverture sur des thèmes juifs op. 34 ; Luciano Berio (1925-2003) : Sequenza I pour flûte ; Oscar Strasnoy (né en 1970) : Eco pour flûte (création mondiale) ; Maurice Ravel (1875-1937) : Introduction et allegro pour flûte, clarinette, harpe et quatuor à cordes ; Johannes Brahms (1813-1897) : Sonate pour violoncelle n°2 en fa majeur op. 99. Marion Lénart, harpe ; Marion Ralincourt, flûte ; Véronique Fèvre, clarinette ; Stéphanie Moraly, Eric Crambes, violons ; Adrien Boisseau, alto ; Florian Frère, Henri Demarquette, violoncelles ; Antoine de Grolée, Michel Dalberto, piano

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