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Les créations lyriques parisiennes : l’année 1909

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L’effervescence des salles lyriques parisiennes au début du siècle dernier se retrouve dans ce dossier qui évoque les programmations de l’Opéra de Paris et de l’Opéra Comique en 1909, 1910 et 1911. Trois années exaltantes pour les mordus d’opéra. Pour accéder au dossier complet : Créations lyriques au début du XXe siècle

 
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La vie lyrique parisienne, en 1909, ne se limitait pas à l'Académie Nationale de Musique et au Théâtre National de l'Opéra-Comique. D'autres scènes, moins prestigieuses, se consacraient au genre opératique et n'hésitaient pas à proposer de nouveaux ouvrages, parfois ambitieux. Offrons nous un tour d'horizon…

Le Théâtre lyrique municipal de la Gaîté, installé rue Papin, était dirigé par les frères Emile et Vincent Isola, prestidigitateurs et pionniers du cinématographe reconvertis dans l'administration de théâtres. Il avait pour mission de doter le capitale d'une scène populaire. A défaut de premières mondiales, ils présentèrent trois ouvrages de compositeurs contemporains en création parisienne. Hernani, opéra en cinq actes, avait ainsi été donné au Théâtre Royal de Liège l'année précédente. Gustave Rivet, poète et homme politique qui avait été intime de la famille Hugo, avait adapté la pièce «avec une main pieuse», tandis que Henri Hirchmann (1872-1961), compositeur oscillant entre le tragique et l'opérette, en avait signé la partition. Malgré quelques pages réussies, l'ouvrage manquait d'originalité et s'apparentait plutôt à un exercice de style. Le public lui réserva cependant un bon accueil, le 25 janvier, comme il le fit, le 31 mars, pour Maguelone, drame lyrique en un acte mis en musique par Edmond Missa (1861-1910) sur un livret de Michel Carré, créé par Emma Calvé à Covent Garden en 1903 sous la baguette de . Le compositeur, élève de Massenet, avait la réputation de posséder un style agréable, mais d'écrire trop rapidement. De fait, Maguelone, drame d'inspiration vériste, fut jugé plaisant mais démodé, et ne marqua pas les esprits.

L'évènement de l'année pour le Théâtre lyrique municipal fut en définitive Quo Vadis?, présenté au public parisien le 26 novembre, après avoir été créé à Nice le 10 février précédent. Henri Cain en avait signé le livret, adapté du fameux roman de Sienkiewicz. La partition assura le succès de , que nous avons déjà rencontré à l'Opéra-Comique ; elle était incontestablement conçue pour plaire, avec des formules éprouvées et des effets attendus. La critique releva d'ailleurs le métier et la mémoire du compositeur, mais regretta que son art soit davantage fait d'emprunts que d'invention. Peu importe ; l'efficacité de la mise en scène, culminant dans l'incendie de Rome, assura le succès de l'entreprise. Les frères Isola avaient décroché un succès durable puisque, dès 1910, on passa le cap des cent représentations à la Gaîté. L'année suivante, Quo Vadis? fit son entrée au répertoire du Metropolitan Opera.

Le Théâtre du Châtelet, dirigé par Alexandre Fontanes, était déjà réputé pour ses mises en scène fastueuses, mais les réserva à des créations de théâtre parlé. Toutefois, en 1909, y eut lieu la «Saison russe» organisée par Gabriel Astruc, qui permit au public parisien de découvrir Ivan le Terrible de Rimski-Korsakov, avec Chaliapine dans le rôle titre, et le premier acte de Russlan et Ludmila de Glinka. Dans un genre plus léger, le Théâtre des folies dramatiques, ancien haut-lieu du mélodrame reconverti dans l'opérette, installé rue de Bondy, créait Madame Malbrough, opéra bouffe en trois actes signé Lucien Métivet pour le livret, et Aimé Lachaume pour la musique. Après cette aimable pochade, la salle changea de directeur et se reconvertit dans le vaudeville. Passage Choiseul, le Théâtre des Bouffes-Parisiens consacrait vingt-neuf représentations à l'opérette, sans toutefois proposer aucune création. Enfin, le Trianon Lyrique, au côté de nombreuses œuvres du répertoire, se permit une création, le délicat Daphnis et Cloé de Fernand Le Borne, ainsi que la première parisienne de Laura, roman musical composé par un jeune élève de Widor, Charles Pons, sur un livret de Paul Bérel. Sous ce dernier pseudonyme ne se cachait personne d'autre que l'éditeur Paul de Choudens. Laura avait déjà été donnée dans une vingtaine de villes, en province et à l'étranger. Il s'agissait d'un drame vériste, traité modestement par le compositeur dans l'esprit de Mascagni et Leoncavallo.

Bonne nouvelle enfin, fut enfin élu à l'Académie des Beaux-Arts, mais aux forceps : 18 voix contre 16 à Widor au sixième tour, moins (c'est à regretter) par la reconnaissance des pairs que par la faveur des salons, car ses grandes électrices étaient Juliette Adam et la comtesse Greffulhe.

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