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Aix-en-Provence. Cour de l’Archevêché. 05-VII-2009. Jacques Offenbach (1819-1880) : Orphée aux Enfers, opéra-bouffe en deux actes et quatre tableaux sur un livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy (version de 1858 avec emprunts de l’édition de 1874). Dialogues réécrits par Marion Bernède. Mise en scène : Yves Beaunesne ; décors : Damien Caille-Perret ; costumes : Patrice Cauchetier ; lumières : Joël Hourbeigt. Avec : Pauline Courtin, Eurydice ; Julien Behr, Orphée ; Mathias Vidal, Aristée (Pluton) ; Vincent Deliau, Jupiter ; Marie Gautrot, l’Opinion publique ; Jérôme Billy, John Styx ; Paul Crémazy, Mercure ; Emmanuelle de Negri, Cupidon ; Soula Parassidis, Diane ; Marie Kalinine, Vénus ; Estelle Kaique, Minerve ; Sabine Revault d’Allonnes, Junon. Chœur du Festival d’Aix-en-Provence (chef de chœur : Nicolas Krüger), Camerata Salzbourg, direction : Alain Altinoglu.
Jacques Offenbach sauvé par l'orchestre. Qui l'eut cru ? Le «Mozart des Champs-Elysées» n'a jamais eu de chance sur le Cours Mirabeau : déjà en 1999 la production de La Belle Hélène avait laissé un souvenir mitigé. Dix ans plus tard l'Orphée aux Enfers de ce soir souffrait d'une distribution très inégale et d'une mise en scène terne. Heureusement il reste l'orchestre.
Alain Altinoglu livre une lecture dynamique et presque électrisante de la partition. Le souci du détail est constant, la précision rythmique est redoutable, le sens des couleurs toujours très recherché. Résultat : la Camerata Salzbourg se fait un accompagnateur idéal. Les mille et une subtilités de l'orchestration d'Offenbach ainsi mises à jour nous montrent la partition sous une angle nouveau. Les références parodiques à Gounod, Meyerbeer ou Berlioz n'en sont que plus évidentes. Il est regrettable qu'avec un orchestre autant remarquable et une direction musicale aussi solide, le reste n'ait pas suivi.
Le plateau, formé de jeunes chanteurs français, est très inégal. Le fait d'avoir ajouté à la version originale des emprunts à l'édition de 1874 permettant de donner un peu plus d'importance à divers rôles féminins (Junon, Cupidon, Diane et Vénus) est une bonne idée, d'autant que ces dames dominent la scène rapport à ces messieurs. Emmanuelle de Negri est un Cupidon désopilant, les qualités vocales de Soula Parassidis (Diane) et Marie Kalinine (Vénus) sont évidentes. Petite déception pour Sabine Revault d'Allonnes, au timbre un peu trop dur malgré un engagement scénique évident et pour Marie Gautrot, à la diction relâchée. L'Eurydice de Pauline Courtin laisse une impression mitigée : excellente actrice, voix puissante et bien timbrée, celle-ci se durcit anormalement dans les notes aigües. Véritable «bête de scène» elle mérite amplement sa volée d'applaudissements à la fin.
Du coté des hommes, Jupiter, Mercure et Orphée déçoivent, ce qui n'est pas rien. Soit la diction est trop relâchée, soit la présence scénique est trop effacée, soit la voix est trop en retrait… soit les trois à la fois ! Jérôme Billy en John Styx se taille une part mérité de succès, mais le plateau est sans conteste dominé par Mathias Vidal, chanteur-acteur accompli, qui fait d'Aristée / Pluton le premier rôle de cet Orphée aux Enfers aixois.
Mais la principale déception vient de la mise en scène. Offenbach, après avoir été lu et relu par François de Carpentries, Laurent Pelly, Jérôme Deschamps, Olivier Desbordes ou la Compagnie Les Brigands ne peut plus s'accommoder d'une mise en scène vieillotte. Yves Beaunesne nous assène clichés sur clichés, avec un sentiment de déjà-vu. Eurydice est une soubrette sortie d'Hôtel du Nord, avec expression de titi parisienne vulgaire, qui tranche avec le reste des dialogues – et surtout avec les paroles chantées. Tout cela reste désespérément statique, jusqu'au lever de jambe du cancan final, comme un exercice de style obligé. L'astucieux dispositif scénique de Damien Caille-Perret et les somptueux costumes «années 20» de Patrice Cauchetier n'arrivent pas à rehausser le niveau d'une mise en scène vieillotte. De cet Offenbach du Festival d'Aix 2009 ne restera que la performance orchestrale, exceptionnelle.
Crédit photographique : Jérôme Billy (John Styx) & Mathias Vidal (Pluton) © Elisabeth Carecchio
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Aix-en-Provence. Cour de l’Archevêché. 05-VII-2009. Jacques Offenbach (1819-1880) : Orphée aux Enfers, opéra-bouffe en deux actes et quatre tableaux sur un livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy (version de 1858 avec emprunts de l’édition de 1874). Dialogues réécrits par Marion Bernède. Mise en scène : Yves Beaunesne ; décors : Damien Caille-Perret ; costumes : Patrice Cauchetier ; lumières : Joël Hourbeigt. Avec : Pauline Courtin, Eurydice ; Julien Behr, Orphée ; Mathias Vidal, Aristée (Pluton) ; Vincent Deliau, Jupiter ; Marie Gautrot, l’Opinion publique ; Jérôme Billy, John Styx ; Paul Crémazy, Mercure ; Emmanuelle de Negri, Cupidon ; Soula Parassidis, Diane ; Marie Kalinine, Vénus ; Estelle Kaique, Minerve ; Sabine Revault d’Allonnes, Junon. Chœur du Festival d’Aix-en-Provence (chef de chœur : Nicolas Krüger), Camerata Salzbourg, direction : Alain Altinoglu.