Debussy et Mikko Franck, alchimie sonore !

Fidèle invité du Philharmonique de Radio-France, le jeune Mikko Franck se voit offrir un disque Claude Debussy.

La suite symphonique Printemps est une œuvre intéressante. Elle témoigne d'un art en gestation, pas encore tout à fait coupé de certaines influences, César Franck notamment, dont la manière affleure dans le second mouvement, alliée à un je-ne-sais-quoi de goguenard, typiquement parisien. La péroraison est d'un caractère colossal – un peu gauche, il faut le reconnaître. Le style résolument hybride ne gâche pas pour autant ni la poésie, ni le mordant de ces pages.

Le moins qu'on puisse dire à propos des Images est qu'elles font mouche ! La direction de Mikko Franck est très analytique, mais jamais sèche : «Par les rues et par les chemins» est jubilatoire, «Les parfums de la nuit» dissout le rythme de la habanera dans une atmosphère envoûtante, enfin «Le matin d'un jour de fête» conclue brillamment ce triptyque central sous les couleurs de l'Espagne rêvée, encadré par Gigues et Rondes de Printemps, tout autant réussies, mais moins attachantes il faut bien le reconnaître.

Que dire enfin du Prélude à l'après-midi d'un faune ? L'atmosphère vaporeuse du Prélude à l'après-midi d'un faune est bien rendue, entrecoupée de moments de contrastes élégamment dosés… On ne se lasse jamais de cette musique envoûtante, aux courbes gracieuses et à l'harmonie mouvante, servie dans le cas présent par un orchestre tout en demi-teintes, mais pas effacé. Une belle prestation dans une discographie chargée de références historiques (Munch, Monteux, Van Beinum, Rosenthal) et modernes (Haitink, Previn, Boulez…).