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Faites l’amour, pas la guerre

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Paris, Opéra-Bastille. 18-VI-2009. Karol Szymanowski (1882-1937) : Król Roger [Le Roi Roger], opéra en trois actes sur un livret de Jaroslaw Iwaszkiewicz et du compositeur. Création scénique en France. Mise en scène : Krzysztof Warlikowski ; Décors et costumes : Malgorzata Szczesniak ; Chorégraphie : Saar Magal ; Conception vidéo : Denis Guéguin ; Lumières : Felice Ross. Avec : Mariusz Kwiecień, Roger ; Olga Pasichnyk, Roxana ; Štefan Margita, Edrisi ; Eric Cutler, le Berger ; Wojtek Smilek, l’Archevêque ; Jadwiga Rappé, la Diaconesse. Chœur et Orchestre de l’Opéra National de Paris (chef de chœur : Winfried Maczewski), direction : Kazushi Ono

Certains metteurs en scène ont leurs marottes : le lit (Robert Carsen), les néons (Olivier Py), la couleur bleu (Bob Wilson), … Pour ce sont les salles d'eau, les vieux, les enfants et les chefs d'œuvres du cinéma.

Pour le second opéra de , donné enfin en création scénique et ultime production de l'ère Mortier, nous avons eu droit à un ballet de cacochymes faisant de l'aquagym dans une station thermale, une troupe de Mickeys aux sourires grimaçants, beaucoup d'eau pour expier on-ne-sait quelles impuretés et de multiples références à Teorema de Pasolini. Gerard Mortier a réussi pour sa sortie à bousculer une fois encore les habitudes du public d'opéra, le baisser de rideau s'avérant copieusement fourni en sifflets et huées à l'encontre du metteur en scène.

Pourtant, cette mise en scène iconoclaste, malgré la lassitude engendrée par les projections vidéo en direct, marotte actuelle de tout dispositif scénique, est d'une rare intelligence. Roger ne règne pas sur Palerme (le livret traite de l'épisode historique du royaume Normand de Sicile) mais est le chef de file, homme brutal, parvenu nouveau riche et «bling-bling» d'une société bourgeoise et conservatrice. Une allusion à peine masquée à un personnage politique officiel actuel, sauf que son épouse Roxana a bien plus de décibels dans la voix. Le médecin arabe Idrisi est devenu un conseiller personnel cynique, et le Berger, Dionysos qui trouble cet ordre apollinien, un baba cool androgyne post-soixanthuitard. Si Roxana, fidèlement au livret, est conquise d'emblée, la douce extase finale du Roi Roger, homme du nord découvrant la lascivité méditerranéenne, n'est plus. Nous assistons impuissants à sa déchéance : abandonné par Roxana, mal conseillé par Edrisi, Roger est une épave humaine héroïnomane dont la dernière vision est une hallucination mesquine de cette société de loisirs et de consommation qu'il a toujours voulu vanter.

Si l'aspect scénique peut laisser dubitatif, l'interprétation musicale n'a pu que faire l'unanimité. La partition de Szymanowski, modèle exemplaire de sensualité sonore qui emprunte au post-romantisme et à Debussy (tout en restant du Szymanowski), est portée à bout de bras par Kazushi Ono qui transfigure le Chœur et l'. Sur le plateau, on ne peut que regretter les si courtes interventions de Wojtek Smilek et , qui se limitent au premier acte. campe un Edrisi sonore à la voix puissante. sait trouver la couleur idéale des aigus pianissimos du Berger, dans un registre mêlant voix de tête et voix de poitrine. Les immenses moyens vocaux d' conviennent à merveille au rôle de Roxana. Mariusz Kwiencien, en plus d'un physique avantageux, possède la voix du rôle-titre et domine l'ensemble du plateau.

Gerard Mortier termine son mandat non en beauté mais avec fracas. Les nombreuses caméras présentes ce soir laissent envisager une future parution de ce Roi Roger en DVD. D'ici là, espérons que Nicolas Joël reprendra cette production importante à plus d'un titre.

Crédit photographique : (Roger), (Roxana) et (le Berger) © Ruth Walz / Opéra National de Paris

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Paris, Opéra-Bastille. 18-VI-2009. Karol Szymanowski (1882-1937) : Król Roger [Le Roi Roger], opéra en trois actes sur un livret de Jaroslaw Iwaszkiewicz et du compositeur. Création scénique en France. Mise en scène : Krzysztof Warlikowski ; Décors et costumes : Malgorzata Szczesniak ; Chorégraphie : Saar Magal ; Conception vidéo : Denis Guéguin ; Lumières : Felice Ross. Avec : Mariusz Kwiecień, Roger ; Olga Pasichnyk, Roxana ; Štefan Margita, Edrisi ; Eric Cutler, le Berger ; Wojtek Smilek, l’Archevêque ; Jadwiga Rappé, la Diaconesse. Chœur et Orchestre de l’Opéra National de Paris (chef de chœur : Winfried Maczewski), direction : Kazushi Ono

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