La Scène, Spectacles divers

L’instant de grâce McFerrin

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Paris. Théâtre du Châtelet. 23-V-2009, 24-V-2009 et 26-V-2009. Œuvres diverses. Bobby McFerrin, vocaliste, et ses invités.

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Le Théâtre du Châtelet nous donnait une belle occasion d'être tout le week-end de l'Ascension à Paris, en programmant trois soirs de suite le musicien, chanteur, performer américain, Bobby McFerrin, tout juste deux ans après sa précédente prestation dans les lieux. Ses concerts sont désormais connus pour la place qui est offerte au public, pour chanter, improviser, en solo ou en polyphonie, de la salle ou sur scène, avec lui.

Si les trois concerts s'organisaient de la même façon, chaque soirée réservait de nouvelles surprises. Le concert s'ouvrait sur des improvisations libres, où l'artiste se laisse guider par l'inspiration musicale du moment, nous menant vers des sonorités d'Afrique ou d'Asie, ou se galvanisant dans des boucles rythmiques hallucinantes.

Bobby a chanté quelques-unes de ses compositions, (Drive, Simple Pleasures, Opportunity), interprété des standards (Smile, Round Midnight, Honeysuckle Rose, Over the Rainbow), et revisité les chansons de Paul McCartney, de James Brown ou de Jimi Hendrix. Régulièrement, il rend hommage à l'un de ses maîtres, Jean-Sébastien Bach, avec notamment, un magnifique solo de l'Air de l'Ouverture n°3.

Ses invités firent de courtes apparitions, plus ou moins réussies ; la chanteuse Camille (samedi) étonnamment réservée, le clarinettiste et saxophoniste (dimanche), tout à fait dans son élément, et le percussionniste Carlo Rizzo (mardi), avec lequel le dialogue fut le plus évident.

Mais c'est bien avec son public que McFerrin entend faire une rencontre musicale. Il parvient à quelques petits exploits, comme le faire chanter sur une gamme pentatonique, en bondissant de touche en touche sur un clavier géant virtuel, ou en obtenant l'Ave Maria de Bach/Gounod sans heurt, porté par quelques sopranos exercées, disséminées dans la salle. Danseurs et chanteurs, amateurs ou professionnels anonymes, sont invités à partager pour quelques minutes dans la lumière, la générosité du vocaliste.

La magie opère encore un peu plus, lorsque ce public recèle des artistes comme Michele Hendricks, ou Plácido Domingo, enjoints de faire un duo, sur scène pour la première, a cappella du premier balcon pour le second (un véritable duo d'amour opératique !), ou bien l'intervention imprévue mais non moins fascinante, de Michel Legrand, rencontré au théâtre l'après-midi même…

À une spectatrice qui lui demande trois mots qui résumeraient pour lui la musique, il confie : «Lumière. Amour. Et Joie, beaucoup de joie». Le message est passé.

Crédit photographique : © Stewart Cohen

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